Je suis Mivi Nsanda, enfant reporter de la ville de Kinshasa et j’ai 16 ans. Le 13 juin, c’est la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme. À cette occasion, j’ai visité l’orphelinat « Pauline Albinos ». C’est une structure qui accueille des enfants atteints d’albinisme.
C’était la première fois pour moi d’entendre parler de cet orphelinat et j’avais hâte d’y aller.
Une fois sur place, des jeunes albinos viennent nous accueillir et rapidement, on commence à discuter. Nous échangeons sur leur vécu quotidien. Ces enfants nous parlent de leurs histoires personnelles, leurs aspirations et leurs rêves.
Zarina et Aisha, deux jeunes filles albinos, nous parlent de l’orphelinat.
En fait, la fondation « Pauline Albinos » a ouvert ses portes en 2015, raconte Zarina. C’est une idée de Mme Pauline, qui est orpheline de père depuis son jeune âge. Elle a bénéficié d’une assistance sociale en étant enfant orpheline. Elle a eu un enfant albinos. C’est de là que part sa motivation à ouvrir un orphelinat pour aider les enfants albinos orphelins et défavorisés.
Les enfants de la fondation, la majorité provient de plusieurs provinces du Congo. La fondation envoie des agents en province qui repèrent les enfants albinos, orphelins ou abandonnés. Ils discutent avec leurs familles avant de les ramener à Kinshasa. S’ils trouvent un terrain d’entente, la fondation peut alors récupérer les enfants. Aujourd’hui, la fondation compte 136 enfants. Parmi eux, 5 sont de Kinshasa. La tranche d’âge va d’un an à 17 ans.
Les écoles ne veulent pas des enfants
Lorsque ces enfants tombent malades, ils sont pris en charge à « Vijana », un centre de santé de la place. Ce centre de santé reçoit des dons des personnes de bonne volonté et d’autres bienfaiteurs.
Pour leurs études, les enfants sont soutenus par une autre dame. Il existe un centre pour la scolarité des enfants. Quelques enseignants viennent de l’extérieur pour dispenser des cours aux enfants selon leurs âges.
En fait, les écoles des alentours ne veulent pas inscrire ces enfants albinos. C’est triste. Une école ne devrait pas faire de discrimination entre les enfants à cause de la couleur de leurs peaux. C’est de la stigmatisation et de la discrimination. Cela m’a profondément attristé.
Y a-t-il un régiment alimentaire particulier ?
Pendant nos échanges, un d’entre a voulu savoir s’il y a une alimentation spécifique qui convient pour les enfants albinos. « Il n’y a pas d’aliments propres aux albinos. Il n’y a pas des contraintes sur l’alimentation des albinos. Nous mangeons de tout ce qui se mange. En fait, nous sommes comme tout le monde », a répondu Aisha. J’étais surprise par cette réponse.
Aisha nous a révélé qu’il y a de cela 9 ans qu’elle est arrivée à la fondation avec sa jumelle. C’était à l’ouverture de la fondation et Aisha n’avait que 7 ans. Aujourd’hui, elle en a 16. Elle rêve de devenir journaliste. « Je ne sais pas si on pourra m’accepter comme journaliste dans notre pays. Parfois, j’entends certaines personnes dénigrer des albinos. Certaines personnes abandonnent leurs rêves. Mais j’ai décidé de ne pas faire attention à ces remarques et j’ai toujours espoir d’atteindre mes objectifs », raconte Aisha. Elle n’est pas la seule à avoir des rêves. D’autres enfants nous ont partagé leurs rêves. Il y a des enfants qui rêvent de devenir avocats, musiciens, policiers, ministres, etc. Alice, une petite fille de 7 ans, m’a dit qu’elle veut devenir présidente de la République Démocratique du Congo quand elle sera plus grande. Waouh ! Ambitieux, n’est-ce pas ? J’aime bien.
Des besoins spécifiques en formation
À chaque fois qu’un enfant me partageait ses rêves, je lui assurais que c’était possible. La couleur de peau n’est pas un frein ou un handicap dans la réalisation de ses objectifs.
D’autres enfants ont évoqué certains besoins spécifiques. Ils aimeraient avoir des provisions en nourriture, des écoles mieux adaptées à leurs besoins, des programmes de formations en hôtellerie, en ingénierie ou encore en informatique, etc. En plus des formations, certains enfants ont besoin des jeux pour s’occuper pendant les vacances. Mais, lorsqu’il fait chaud, les enfants ont exprimé le besoin d’avoir des lunettes de soleil, des pare-soleils pour se protéger. Ils ont aussi des besoins en produit cosmétique pour leur peau.
Où aller après 17 ans ?
Normalement, la fondation avait prévu de garder les enfants jusqu’à un certain âge. Et lorsque les enfants atteignent la majorité, ils doivent quitter le centre.
Hélas, certains jeunes qui ont plus de 17 ans sont encore dans la fondation. Ils ne savent pas où aller.
C’est le cas d’André. Il a 20 ans et cela fait deux qu’il a déjà son diplôme d’Etat. Après sa formation en mécanique, il cherche toujours un emploi qui tarde à venir.
J’aimerais que les autorités puissent mettre en place des mesures incitatives pour les favoriser l’emploi des jeunes albinos, une espèce de discrimination positive. Il faudrait mettre en place des mesures pour une meilleure prise en charge de ces jeunes dans leur scolarité. Les autorités devraient instaurer des quotas dans les écoles pour lutter contre la discrimination des albinos.
Je suis convaincue que les enfants ont tous les mêmes droits et doivent être protégés pour leur avenir.
À la fin, j’ai vraiment aimé cette visite et le temps passé avec ces jeunes. J’ai surtout beaucoup appris. J’espère que la lutte pour l’inclusion des albinos portera ses fruits et que la stigmatisation et les insultes contre eux vont cesser. Il n’y a pas lieu de discriminer un albinos qui est humain comme moi et avec les mêmes droits.