Abigael Wani Kaganda est enfant reporter dans la ville de Bukavu, province du Sud-Kivu.

 

Je suis Abigael Wani Kaganda, enfant reporter de la ville de Bukavu. J’étudie au collège Alfajiri et j’ai 16 ans.

 

Le lundi 27 janvier 2025, la ville de Bukavu était en chaleur. Pourquoi ? Il y a eu un mouvement incontrôlé de population sur la ville. Une forte présence de militaires.

 

 

Vers 6h du matin les radios locales annoncent la fermeture des écoles et des travaux de la journée sous ordre du gouvernorat. Alors, moi et d’autres élèves sommes partis tout de même en cours pour voir l’état réel de la situation.

 

 

Lorsque je suis arrivée, l’école était quasiment vide alors qu’il était déjà un peu plus de 7h12. Et les cours commencent normalement à 7h30.

En arrivant à l’école, j’apprends que la veille, l’archevêque, responsable des écoles catholiques, a lui-même demandé aux écoles de ne pas recevoir les élèves afin de bien préparer la marche qui aurait lieu le lendemain.

 

On était tous confus en attendant la déclaration officielle du directeur des études et d’autres responsables de l’école. L’attente a duré une bonne vingtaine de minutes. C’est après que les responsables sont venus nous demander de rentrer à la maison. En route, j’ai croisé les élèves d’autres écoles primaires et secondaire de la ville de Bukavu rentrer à la maison.

 

 

Quand est-ce qu’on revient à l’école pour reprendre les cours ? Aucune autorité ne nous a donné une réponse précise à ce sujet. Le retour en classe est incertain. Les routes étaient au départ quasiment désertes quand je suis rentrée dans le taxi.

 

Une fois arrivée au niveau de la place Muzihirwa, j’ai observé un mouvement étrange de plusieurs personnes. J’étais surpris. Pendant tout le trajet, la route était vide et tout d’un coup, il y a eu du monde. J’ai demandé au conducteur du taxi ce que c’était et il me dit que c’était un attroupement de personnes qui se tenaient prêtes pour le début de la marche. Le Gouverneur de la province lui-même devait être présent.

 

 

La marche devait partir de la place Munzihirhwa jusqu’à la place de l’indépendance. Cette marche a pour but de demander la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo et dans la ville de Goma.

 

Risque de perturbation du calendrier

 

Avec cette situation de guerre au Nord Kivu, la panique est ressentie à Bukavu. Goma est une ville voisine de Bukavu. Personnellement, j’ai peur de la suite des évènements dans la ville de Bukavu.

 

Lorsqu’il y a des conflits dans la ville de Goma, les conséquences sont ressenties à Bukavu. J’ai vraiment peur pour notre sécurité. On risque d’arrêter les cours. J’ai aussi appris qu’il y aurait certains militaires FARDC qui ont traversé le lac Kivu de Goma pour Bukavu.

 

 

Avec tout ceci, je crains des perturbations dans le calendrier scolaire. Et pourtant, les examens du premier semestre sont prévus pour bientôt. La crise de Goma risque d’impacter négativement la scolarité de beaucoup d’élèves de Bukavu. Ceux de Goma ne peuvent même pas aller à l’école pendant qu’il y a des tirs dans la ville et ses environs.

 

Je pense que les autorités doivent prendre les choses en main pour assurer la sécurité des populations et des enfants. Sinon, parmi les victimes des violences, il y a les enfants et leur avenir sera perturbé à cause des crises, des violences et des guerres dans l’Est de la RDC.

 

Encadreur : Jérémie Karagi