Busime est une jeune fille de 16 ans du territoire de Walungu, dans la Province du Sud-Kivu. Je l’ai rencontrée à Bukavu où elle vient vendre des carottes, avec son petit frère. Elle fait ce travail pour pouvoir payer les frais scolaires. Voici son histoire.
Travailler dur pour les frais scolaires
« Chaque matin, je me réveille à 4 heures. Je ne prends même pas le temps de me laver. Je réveille mon petit frère qui m’aide de temps en temps à porter mes carottes. Après, nous commençons le chemin à pied pour aller dans la ville de Bukavu, située à environ 3 heures de marche. Je me lève tôt pour arriver parmi les premiers et vendre toute ma marchandise. Mon père est mort. Ma mère n’est pas capable de nous nourrir et de payer nos frais de scolarité en même temps. Maman vend le sucre au marché de mon village. L’argent qu’elle nous rapporte nous suffit pour manger. Mon frère et moi, nous sommes obligés à vendre les carottes que nous cueillons de notre champ pour payer nos frais scolaires. Parfois je craigne de rater une année scolaire pour gagner un peu d’argent »
L’école, pas accessible à tous les enfants
La situation de Busime est similaire à celle d’autres enfants qui sont obligés à travailler pour payer leurs frais scolaires. Selon l’Enquête Démographique et de Santé réalisée en République Démocratique du Congo en 2010, environ 4 enfants sur 10 (38%) âgés de 5 à 17 ans travaillent.
Cette situation est à l’encontre de l’article 28 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) qui stipule que « l’enfant a le droit à l’éducation et l’État a l’obligation de rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuit ». Et encore, dans l’article 32: « l’enfant a le droit d’être protégé contre tout travail mettant en danger sa santé, son éducation ou son développement ».
Mon plaidoyer pour la scolarisation de tous les enfants
Je demande aux autorités compétentes de mettre en place des mécanismes pour que les articles de la CDE qui sont cités ci-haut soient respectés et que tous les enfants aient accès à l’éducation.
Je demande au gouvernement congolais, à travers la Division des Affaires Sociales, de mettre en place des centres de récupération pour les enfants qui ne sont pas allé à l’école primaire car l’éducation doit être accessible à tous les enfants.
Je demande aux parents, de prendre leurs responsabilités, et de redoubler leurs efforts pour la scolarisation des leurs enfants.
Et enfin, je demande à la communauté sud-kivutienne de ne pas stigmatiser les enfants qui sont obligés à travailler pour étudier, de ne pas les mettre à l’écart ni de les marginaliser.
Tous les enfants ont le droit de vivre pleinement leur enfance !
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Publié initialement en novembre 2017