Abigaël, 22ans, est une ancienne Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle est aujourd'hui étudiante en droit et continue de s'impliquer pour les droits des enfants en encadrant à son tour les Enfants Reporters.

Je ne sais pas comment commencer cette histoire. C’est un coup de cœur avec un peu de douleur sur une attitude que j’ai observée dans mon entourage.

 

La première scène se passe dans mon université.

Un collègue vient de vider sa bouteille d’eau et la jette directement par terre. Je le regarde parce que je suis surprise par la facilité avec laquelle il vient de jeter sa bouteille en plastique.

Gêné par mon regard, il sourit en disant : « C’est le Congo». Je ne comprends pas trop le sens de sa réplique.

Alors, je cherche à savoir ce qu’il entend par :« C’est le Congo ». Il me répond gentiment que « le pays a toujours été sale » et que ce n’est pas sa bouteille en plus ou en moins qui va changer quelque chose ou le rendre propre.

Je suis choquée par cette réponse. Je ne suis pas la seule à l’être d’ailleurs. D’autres collègues autour de moi sont aussi surpris. Et pourtant, il y a bien des personnes qui pensent et se comportent comme mon collègue qui vient de jeter calmement sa bouteille en plastique. Alors, je me demande comment peut-on réfléchir ainsi?

 

Lorsque je me pose des questions sur cette situation où l’on côtoie les déchets et qu’on jette, inconsciemment, les bouteilles plastiques et d’autres ordures, j’arrive à la conclusion qu’on n’a pas bien cerné le problème. En fait, ce geste qu’on pose chaque jour nous rend responsable de la pollution. Et chacun, à son niveau, contribue au réchauffement climatique.

Les Kinois contribuent à la pollution de la ville (@ponabana)

Et pourtant, visiblement, on ne se rend pas compte que c’est nous qui sommes à la base de la pollution et de l’insalubrité de la ville. Mais on ne s’aperçoit pas que nous sommes aussi la solution à ce problème. Nous sommes la solution parce que si chacun s’engage à mieux gérer ses déchets et poubelles, nous pourrons pousser les autorités à mettre en place des bonnes politiques pour la collecte des déchets.

 

Dans la rue, deuxième scène

Un jour, j’ai surpris une discussion entre deux messieurs dans la rue. Ils se plaignent d’une ville où dans chaque commune, on trouve le même spectacle.

Des amas de déchets, des grandes quantités de bouteilles en plastique et à certains endroits, ça pue. Je marchais juste derrière eux. L’un a dit : « Nous sommes dans une ville sale et il n’y a aucun coin propre. Respirer est devenu difficile. On ne sait pas circuler sans sentir des mauvaises odeurs… ». L’autre monsieur s’est plaint du manque de service de nettoyage et de ramassage d’ordures. « Kin Bopeto est mort. Et les autorités ne font rien pour améliorer l’environnement dans ce pays ».

 

En fait, ils ne réalisent pas qu’ils sont eux aussi à la base du problème. Chaque fois qu’ils jettent leurs déchets dans la rue et les bouteilles plastiques. Pour eux, c’est la faute aux autres.

Et je pense que ce problème n’est pas bien cerné. La gestion des déchets est certes une question globale. Mais, si chacun commence par agir pour changer ses habitudes, notamment ne pas jeter ses déchets, peau de banane, bouteille en plastique, etc., dans la rue, on peut commencer un début de changement. Les choses pourraient évoluer au niveau des politiques de gestions des déchets dans les quartiers et dans les villes.

J’espère que nous allons ensemble nous rendre compte de notre responsabilité collective.

J’espère que cela va arriver et nous poussera à des comportements et attitudes responsables pour préserver notre environnement au lieu de nous plaindre et attendre que les autres viennent dégager les saletés que nous amassons et entassons au quotidien.

 

Abigaël.