C’est parce que maman n’est pas là

✍️ Par Vainqueur, 11 ans, Enfant Reporter de la ville de Kinshasa

 

 

Je vous ai déjà parlé de l’histoire des enfants de mon quartier maltraités par leur belle-mère ? Aujourd’hui, je vous raconte la suite.

Après la dispute entre mon voisin et sa femme, les enfants s’en vont finalement sans casse-croûte et sans argent pour le transport. Avant de partir, ils ont un dernier regard pour leur papa, comme un appel au secours. Juste après, ils s’en vont. Leur papa est triste aussi. Sur la route, je les entends se plaindre encore une fois :

« Tout ça, c’est parce que maman n’est pas là », dit le premier enfant, très bas, comme pour retenir ses larmes.

« Papa ne parle même pas pour nous. On dirait que nous ne sommes pas ses enfants », ajoute un autre.

Le troisième est silencieux. Il regarde le sol. Il ne dit rien.

Dans ma tête, je revis la scène qui vient de se passer. Je vois ce papa fuir le regard de ses enfants et prendre parti pour sa femme. Pour moi, c’est un abandon, et je ne le supporte pas. Je me demande comment le vivent ses enfants. Ça doit être pire. En fait, je me demande comment un parent responsable peut accepter qu’on maltraite ses enfants. Même pour sa paix ? Je pense qu’on peut toujours trouver un compromis.

Et la belle-mère ? Je me demande comment elle dort la nuit. Pour moi, c’est juste impossible.

Je marche derrière ces enfants jusqu’à l’arrêt. Je les vois continuer à pied pendant que je prends un taxi. Je n’ai pas assez d’argent pour les aider. Ça me fait mal au cœur. Je les regarde jusqu’à ce que le taxi s’éloigne. Leur papa m’énerve.

 

Protéger un enfant n’est pas une faveur, c’est un devoir

Je trouve très injuste que ces enfants souffrent juste à cause de la mauvaise foi de leur belle-mère. Pour moi, c’est inimaginable de vivre maltraité à la maison. J’espère qu’un jour, cette femme regrettera ses actions. Et si je devais dire un mot aux parents, je leur rappellerais que les enfants ont des droits et qu’ils sont des bénédictions pour eux.

C’est donc à eux de prendre soin de leurs enfants et de subvenir à leurs besoins.

Ce n’est pas une faveur : c’est leur devoir. Tout simplement.

 

Encadreuse : Abigaël Mwabe