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Ce lundi 22 mai, j’ai assisté à l’enterrement de sept personnes. Tous membres de la même famille. Ils sont morts, brûlés vifs dans l’incendie de leur maison, au quartier Himbi, dans la ville de Goma.
Dans la nuit du 22 mai 2023, « il était 00h 45, je me suis réveillé et j’ai entendu quelqu’un crier à l’aide. Les balles venaient de crépiter dans le quartier. J’ai attendu un peu avant de sortir pour aller voir. Arrivé dans la parcelle du voisin, le fils de sa bailleresse était à sa porte et se débattait pour l’ouvrir. Nous avons essayé d’ouvrir la porte pendant que la famille brûlait, sans succès. Vers 1h 30, on n’entendait plus des cris. Silence. Joseph, sa femme enceinte et ses quatre enfants sont morts », raconte, Jules, un des voisins rencontré sur le lieu du drame.
J’étais triste et je ne parvenais pas à parler normalement après avoir assisté à l’enterrement. Je tremblais. Et je ne réalisais pas que je venais d’assister à l’enterrement de sept membres d’une même famille.
Je n’ai pas pu dormir. Et je revoyais toujours la scène. Sept croix, sept cercueils, deux des adultes et cinq des enfants, dont un bébé qu’on a sorti du ventre de sa mère.
J’ai eu peur toute la nuit. J’avais tellement peur. Est-ce la peur de la mort ? Je revois les images du défunt qui me reviennent toujours. Et des enfants impuissants face aux flammes qui les ont consumées.
Incendie à Goma (@ponabana)
Formation sur la sécurité incendie
Lorsqu’on vient pour secourir la famille, la porte de leur maison est bloquée depuis l’extérieur avec un cadenas. Une maman rencontrée sur le lieu du drame confie qu’il peut bien s’agir d’un règlement de compte autour d’une affaire de paiement de garantie. « Le locataire Joseph avait payé sa garantie locative auprès de la bailleresse, propriétaire de la maison. Quelques jours après, le fils de la dame est allé demander au locataire de lui verser encore une autre garantie. Ce dernier a refusé et l’a renvoyée auprès de sa mère. Le fils a menacé de brûler la maison du locataire s’il ne lui payait la garantie. Il disait à sa mère qu’ils vont tous perdre la maison », confie cette voisine. Le fils a-t-il mis à exécution ses menaces ?
Les témoins venus voir l’incendie à Goma (@ponabana)
La police est venue sur place et a commencé les investigations pour établir l’origine du sinistre. Mais surtout déterminer si l’incendie de la maison est d’origine criminelle ou pas. Je me pose aussi des questions sur l’efficacité du service de lutte anti-incendie. Déjà, ils sont arrivés tard. Le père et ses enfants étaient déjà morts.
Il faudrait, je pense mieux organiser les secours dans la ville et les services anti-incendie pour épargner les vies dans la ville de Goma. Pourquoi ne pas organiser des formations pour les familles et les élèves dans les écoles sur les attitudes à tenir lorsqu’il y a un départ de feu dans une maison ?
Je ne sais pas si cela pourra ramener à la vie ceux qui sont morts. Mais, cela peut aider à préserver les vies des enfants et d’autres personnes.
Élisée Habarugira
