JEUNE REPORTER – Pour atteindre les enfants les plus éloignés, les agents de l’UNICEF doivent parfois traverser des moments impossibles : impraticabilité de la route, boue, poussières, … Je vais vous raconter ma plus belle mission de terrain, mais aussi la plus pénible et la plus longue !
Une mission longue et pénible
C’était une joie immense pour moi d’apprendre que j’étais parmi les formateurs des Enfants Reporters de la ville d’Isiro, dans la Province voisine du Haut-Uélé, au nord de la République Démocratique du Congo. Pour atteindre Isiro depuis Bunia, il fallait parcourir près de 600 kilomètre en véhicules. J’accompagnais une équipe de l’UNICEF partie pour effectuer des visites programmatiques et des spot-check. Il s’agit de visites pour vérifier la mise en œuvre des différents programmes et effectuer des contrôles financiers.
Nous avions quitté Bunia un lundi matin, dans l’espoir d’être à Isiro mardi pour débuter nos différentes activités dès le mercredi. Un espoir qui disparaissait peu à peu, d’un gros bourbier à un autre. Des toutes les missions de terrain effectuées en tant qu’Enfant Reporter ou Jeune Reporter, c’était la plus longue et la plus pénible !
600 mètres qui paraissaient plus long que 600 kilomètres
Après avoir traversé durant une centaine de kilomètres la magnifique réserve d’Epulu, une réserve en faune à okapis, nous sommes enfin arrivés en province du Haut-Uélé. Notre espoir était d’arriver le même jour à Isiro.
Devant nous, un gros bourbier du nom de « musalaba » qui, en swahili signifie la croix. Oui, c’était une vraie croix… Une dizaine des véhicules étaient coincés et ne pouvaient ni avancer ni reculer : la boue était plus forte. Les motos et vélos, seuls moyens de transport sûrs sur cet axe, n’échappaient pas à la règle. Même nos Land Cruisers avec leurs six cylindres étaient bloquées !
Il était presque midi sur la montre ce jour là. Pour traverser ce bourbier, pour traverser 600 mètres, il a fallu 24 heures… Ces 600 mètres ont été plus long que les 600 kilomètres que nous devions parcourir.
C’était quasiment pareil toute la route
Aucune maison n’était trouvable pour y passer la nuit. Nous avons donc dormi dans les véhicules, bercés par les cris des animaux. Au lever du soleil, qui apporte espoir, nous avons recommencé les travaux manuels aider les véhicules à quitter cet endroit qui, pour certains, serait maudit à jamais.
Sur toute la route, c’était pareil… Avec les autres passagers des deux Land Cruisers de l’UNICEF, nous perdions espoir mais ce n’était pas pareil pour les deux vaillants chauffeurs ! Dès que c’était nécessaires, ils utilisaient une houe, une bêche, un pic, etc. pour faciliter les véhicules à traverser les endroits les plus impraticables. Des jeunes des villages environnants travaillent aussi durement pour aider à faire sortir les véhicules cloués dans la boue. En contrepartie d’une petite somme d’argent, c’est un emploi occasionnel pour eux.
Il y avait des gros bourbiers tout au long de la route. Monsieur Tchiza, du programme WASH de l’UNICEF en Ituri, pratique régulièrement cette route et raconte que ce « sont des réalités auxquelles nous faisons face chaque fois que nous sommes sur cette route ».
Un voyage et une expérience hors du commun
Nous sommes mercredi, le jour du début de la formation. Il est 18 heures et nous sommes toujours en plein milieu de la forêt… Nous avons continué à avancer durant une partie de la nuit pour finalement atteindre la ville d’Isiro, chef-lieu de la province du Haut-Uélé vers 23 heures passées !
Le matin du jeudi, c’était un jour nouveau. Le sourire réapparaît quand j’étais devant près de 70 enfants de la ville pour le début de la formation. Des enfants curieux, comiques mais surtout engagés et motivés d’apprendre les nouvelles notions.
Six jours plus tard, nous devions rentrer à Bunia. Il nous a fallu 4 autres jours pour atteindre la destination ! Des jours et nuits interminables, vu les divers calvaires de la route. Il est temps de rappeler aux autorités du pays que l’impraticabilité de certaines routes limite l’accès aux endroits les plus reculés. Des enfants se trouvent enclavés par maque d’infrastructures routières adéquates et ne peuvent pas être assistés.
Participer à ce voyage, hors du commun, était l’occasion pour moi de voir le personnel de l’UNICEF sur le terrain. Un personnel qui se donne, se sacrifie et accepte de passer des nuits au milieu de nul part juste pour une raison : rendre le monde meilleur pour chaque enfant.