Je suis Marie-Reine Cibanvunya, enfant reporter à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. Cela fait plus d’une année que je vois des vendeurs courir dans les marchés en criant « Ebola arrive ! ».
Au début, je pensais qu’il s’agissait de la vraie maladie à virus Ebola. Mais, non. En fait, les femmes vendeuses et les enfants ont trouvé un code pour prévenir d’autres commerçants lorsque les policiers viennent pour les chasser.
A Bukavu, policiers et vendeurs des marchés clandestins jouent au chat et la souris.
Pour lutter contre les marchés clandestins, les policiers sillonnent la ville pour disperser les vendeurs à la sauvette. Ils jettent leurs marchandises, donnent des coups de pied dedans ou emportent ce qui reste. Lorsque les policiers font cela, la situation dégénère et cela crée une agitation dans la ville et des réactions négatives des vendeuses. En effet, les vendeurs sont souvent des femmes et des enfants.
« Ebola arrive ! »
Il y a un mois de cela, je me rendais au marché de Nyawera, un marché connu à Bukavu. C’était vers 18h. J’ai vu des vendeuses et des enfants courir avec leurs marchandises. Les policiers les pourchassaient. Ils étaient dans leurs véhicules à poursuivre des commerçants à pied.
Ils ont ravi les marchandises des vendeuses qui étaient distraites et qui n’avaient pas entendu le signal d’autres commerçants. Les gens criaient : « Ebola arrive ! ». Ebola dans ces marchés est le surnom que les vendeuses ont donné aux policiers. Les commerçantes ouraient dans tous les sens, et j’ai eu trop peur d’être cognée ou de tomber dans cette agitation. J’ai vu une femme pleurer lorsqu’on lui a pris toute sa marchandise. Cela m’a vraiment fait de la peine.
Des mesures qui génèrent d’autres difficultés
En effet, en 2022, le gouverneur du Sud-Kivu avait sorti un arrêté qui interdit les marchés clandestins. Le but était de protéger les vendeurs qui y vendent contre les accidents notamment. Mais, il voulait aussi assainir la ville de Bukavu. Cette idée n’est pas du tout mauvaise. Mais, c’est la violence des policiers sur les vendeuses lorsqu’ils viennent les disperser qui me dérange. Parmi les vendeurs, il y a des enfants et des étudiants qui survivent grâce à cette activité.
Et quand on leur prend toute leur marchandise, comment est-ce qu’ils peuvent survivre par la suite ?
Ce que je recommande
Je crois que l’Etat devrait résoudre un problème en y apportant une solution mais pas en créant d’autres problèmes. Je propose qu’on puisse créer d’autres marchés à Bukavu. Des marchés qui seront aux normes de l’Etat. Cela va éviter le développement des marchés clandestins.. Mais aussi, cela va éviter que les activités commerciales ne soient concentrées que dans une seule partie.
Bonne brochure, nous devons plaider à nos mamans menacées.