Je suis Nathalie Mazinge, jeune reporter de Bukavu. Je suis allée dans le camp des déplacés à Kavumu, dans la province du Sud-Kivu, le vendredi 4 juin. J’ai rencontré David Bushiri. Il dit avoir quitté Goma après l’éruption volcanique. David était seul et loin de la maison au moment où la ville de Goma était en panique.
David a 15 ans. En rentrant chez lui, le 22 mai, il a vu plusieurs personnes en train de courir en diverses directions. Comme s’ils étaient poursuivis. Comme si la guerre commençait. C’est certain, chacun voulait sauver sa peau. Mais David ne comprenait rien et ne maîtrisait pas la situation. Il a juste remarqué qu’aucune personne ne prenait la direction qui l’emmène chez lui. Il a eu très peur. Il a suivi la foule sans savoir où elle allait.
Les gens se précipitaient au port, montaient à bord du bateau. Pendant que les gens se bousculaient pour monter à bord, un garçon qu’il ne connaissait pas le regarde et lui propose sa main pour qu’il s’accroche, qu’il grimpe. Et bim !
Une amitié naissante
Lorsqu’ils sont arrivés à Bukavu, ils ont continué à marcher ensemble. Arrivés vers une mosquée, ils s’arrêtent. Ce garçon lui demande de rester là. Il y aurait des personnes qui viendraient sans doute prendre les déplacés pour le conduire au camp. Un peu déçu, dépaysé, peur aussi mais le jeune David est resté là.
Plutard, il a vu un bus s’arrêter et faire appel aux déplacés de Goma. Il est monté aussi. Il n’était pas le seul. Il y avait des femmes, des enfants en majorité. Ils sont arrivés sur le site de Ndendere. Là, il se rend compte qu’il ne connaît personne. Et depuis, il ne pense qu’à une chose : rentrer chez lui à Goma.
Le 3 mai dernier, les déplacés sont conduits sur le site de Kavumu dans le territoire de Kabare sur décision des autorités de la province. C’est non loin de l’aéroport. C’est là qu’il réside maintenant.
Selon l’UNICEF, environ 280.000 enfants risquent d’être déplacés à cause de la menace volcanique en RDC.
Ce qui lui fait le plus mal, c’est lorsqu’il voit d’autres enfants à côté de leurs parents. Tout le temps, il se demande comment revoir sa famille. Est-ce que ses frères ont survécu aux dangers causés par l’éruption du volcan. Est-ce que ses parents sont fâchés contre lui. Est-ce que ses parents savent qu’il est à Bukavu. Est-ce que leur maison était détruite par les laves ?
Il a perdu le téléphone au camp et veut rentrer à Goma
Il portait dans sa poche le téléphone de sa sœur . Il ne sait plus où il est passé, ce téléphone. Il ne sait pas communiquer avec ses parents parce qu’il ne maîtrise pas leurs numéros par cœur.
Ce qu’il souhaite, c’est rentrer à Goma. Il dit qu’il est musulman, que la mosquée de Goma est une référence pour lui qui peut l’aider à retrouver l’itinéraire qui le conduit chez lui. Il envisage aussi de rester chez les musulmans à la mosquée s’il n’arrive pas à retrouver sa famille.