ENFANT REPORTER – La mendicité déguisée prend de plus en plus d’ampleur. Les enfants à la recherche d’une main qui donne sont nombreux à Kiwanja, importante agglomération située à environ 70 kilomètres au Nord de Goma. Pas comme des grandes personnes, les enfants procèdent de leur manière…
Ces enfants n’ont pas peur de m’approcher
Ce jeudi, je suis assis devant une petite boutique dans mon quartier. Trois enfants arrivent. Pieds nus, avec leurs habits en lambeaux, ces enfants n’ont pas peur de m’approcher. Décidément, ils n’ont rien à perdre ! Le garçon me semblait être le plus jeune, nageant vraisemblablement autour de 8 ans. C’est lui qui visiblement conduit la bande, muni de son petit sac suspendu au cou à l’aide d’une cordelette. La fillette, elle, a peut-être une dizaine d’années. Avec un bout de pagne déchiré, elle porte au dos un autre petit gamin aux petites jambes noires.
La trouille me prend
C’est le jeune garçon qui commence en Kiswahili : « jambo papa » pour dire « bonjour papa », à moi de répondre : « jambo ! ». Chapelet à la main, c’est avec un air gelé que la fillette prend à son tour la parole : « papa tulita kuya kuombeya..! » comme pour vouloir dire « papa on voulait prier pour toi..! ». Ne cessant de les fixer dans les yeux, j’ai un retard à répliquer : la question me semble très lourde, surtout que j’ai du mal à me livrer à des inconnus. Mon impression est que je suis devant deux petits sorciers. Je ne les avais jamais rencontrés, en tout cas, je ne me rappelle pas les avoir déjà vus quelque part ! J’avais la trouille et voulais fuir ces enfants, ne sachant plus quoi faire.
De malicieux enfants
Curieux, mon ami nous regarde depuis sa petite échoppe. Assez attentivement. Celui-ci ne peut s’empêcher de rire alors que je suis comme ensorcelé par ces gamins, ne sachant plus quoi dire ! Avant de tourner mon visage vers lui pour savoir ce qu’il se passe, il demande aux deux enfants de venir vers lui. Il leur donne un billet de 500 Francs Congolais et leur demande de partir. Comme si de rien n’était, les enfants qui voulaient prier pour moi ont pris la tangente sans plus tarder. N’ayant pas vite compris le jeu, je demande de quoi il s’agit. Mon ami, un commerçant du quartier, m’explique alors la nouvelle formule dont les enfants font usage pour mendier ces derniers temps. Tiens, ils m’ont bien eu ! Quels malicieux enfants !
Sacré coup de mendicité déguisée
Leur âge varie entre 3 et 10 ans. Ces enfants s’organisent en groupes de deux ou trois. Ils n’ont pas peur du soleil accablant. Et ce n’est pas une forte pluie qui peut les arrêter. Ces enfants passent de longues journées les mains tendues vers les piétons ou vers les tenanciers des boutiques s’ils ne bivouaquent pas devant les bureaux o des artères principales. On ne sait d’où ils viennent, et leur introduction est la même : « nous voulons prier pour toi..! », collant le chapelet à la main.
Un encadrement nécessaire
Ce qui est certain, c’est que ces enfants n’agissent pas ainsi par volonté ; c’est un problème de moyens. Certains vous disent qu’ils sont orphelins tandis que d’autres ne savent même pas où se trouvent leurs familles. D’autres encore sont utilisés par des grandes personnes à qui, chaque soir, ils doivent rendre des comptes. C’est la souffrance qui a forgé leur mental. Ces enfants doivent bien gagner leur pain !
Je plaide donc pour la construction de centres d’information et d’éducation pour permettre l’encadrement de ces enfants à l’Est de la République Démocratique du Congo. Il faut profiter du dynamise de ces enfants afin qu’ils se sentent utiles et valorisés au niveau de la société. Si rien n’est fait, ils constituent une menace tôt ou tard ; une bombe à retardement qui risquera d’exploser en plein jour !
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Photo: UNICEF RDC 2008 Alfredo Falvo
Je m’intéresse à cet article par le fait que nous sommes témoins de ce phénomène à Kiwanja, où nous vivons. Je soutiens la proposition de l’auteur qui plaide pour l’encadrement de ces enfants. Je me demande si les APE intervenant dans le Rutshuru vous ont lu?
Merci cher Eric et ainsi dit, nous en faisons large diffusion #SOS-#Rutshuru