L’histoire que je vous raconte se passe à Goma, dans la province du Nord-Kivu. Une fille, Abigaël, est retrouvée morte. Elle n’avait que 15 ans et était passionnée par la danse.
Avant de retrouver son corps, cet enfant avait disparu quelques jours avant. Le soir de son enlèvement, elle partait acheter des médicaments pour ses parents. Et c’est à la télévision que nous avons appris sa mort. Cette situation m’a beaucoup fait réfléchir sur l’insécurité et ses conséquences sur la vie des enfants.
En fait, Abigaël rêvait de devenir danseuse. Et c’est dans son église qu’elle s’entraînait à la danse.
Elle s’est retrouvée seule au mauvais endroit, au mauvais moment. Et à Goma, il n’est pas rare d’entendre parler des enlèvements et des kidnappings à cause de l’insécurité. Je vis depuis dans la peur.
J’ai peur de me retrouver seule en dehors de la maison. Abigaël a été enlevée avec une autre fille, moins âgée qu’elle. Le lendemain matin, sa famille a reçu un message d’un numéro inconnu. La personne leur demande de l’argent avant de libérer leur enfant. La famille fait tout ce qu’elle peut pour trouver de l’argent. Mais les parents n’ont pas toute la somme.
Ils sont inquiets pour la vie de leur enfant. Le temps qui passe ne joue pas en faveur de la vie de leur enfant. Ils essaient de négocier avec l’inconnu qui les appelés. Sans succès.
Quelques minutes après, le corps d’Abigael est retrouvé près du marché Kituku. Sa cousine est mon amie. J’ai appris la nouvelle aux informations.
Sa cousine est passée à la télévision pour parler de cette fille qu’on appelle désormais « corps sans vie ». Elle la décrit comme « une lumière qui s’éteint et une boule de joie qui nous quitte ». Elle le dit avec les larmes aux yeux. On peut lire de la douleur au-delà des mots. La cousine est inconsolable. Je décide d’aller lui parler.
Qui sera la prochaine victime ?
Lorsque j’arrive au deuil, la famille d’Abigael est inconsolable. Sa cousine arrive à peine à parler. Personne n’accepte la mort de cette fille de 15 ans, arrachée brutalement à la vie. Lorsque j’entends parler d’Abigael, je découvre une fille pleine de rêves. Malheureusement, elle ne les réalisera jamais. C’est ce qui me fait le plus mal.
En fait, je me demande parfois qui sera la prochaine victime des conséquences de l’insécurité dans ma ville. Quel enfant sera le prochain à être kidnappé dans la ville ? C’est ce qui me fait peur. Sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux, les avis de recherche d’enfants kidnappés se multiplient. Mais malgré cela, les mesures concrètes pour protéger les enfants restent insuffisantes. En fait, je pense que nous, enfants de Goma, avons le droit de grandir sans vivre dans la peur comme d’autres enfants. L’histoire d’Abigaël doit être un cri d’alarme pour que plus aucun enfant ne meure dans ces conditions.
En fait, je pense que la mort d’Abigael ne doit pas être banalisée. Je pense qu’elle doit être un déclencheur pour que des mesures concrètes soient prises pour protéger les enfants. Nous voulons une ville où les enfants sont protégés et se sentent en sécurité. Une ville où les droits de l’enfant ne sont pas violés et où chaque enfant arrive à jouir de ses droits notamment le droit de vivre en sécurité.