Héritier a arrêté les études en quatrième primaire. Il n’avait que 10 ans. Il est aîné d’une famille de sept enfants. Son père est porteur de marchandise au marché à Bukavu. Sa mère est femme au foyer. Lorsqu’il a eu ses 10 ans, ses parents lui ont annoncé qu’il n’ira plus à l’école.
Pourquoi ? « Parce qu’on n’a pas d’argent », lui dit sa mère. Le manque d’argent ? Héritier le savait déjà. Donc il n’a pas insisté. C’est comme s’il n’était pas réellement un héritier.
Lorsque Héritier abandonne ses études, il commence à vendre ses services dans son quartier. Il s’occupe des poubelles dans son quartier et les gens lui donnent un peu d’argent. L’enfant travaille tout le temps pour mettre de l’argent de côté. Son objectif d’avoir un peu d’argent pour lancer un petit commerce. Il veut vendre des sacs en plastiques. Pour Héritier, c’est le bon créneau pour ses affaires.
La vie de cet enfant bascule un soir lorsque son père rentre à la maison sans argent. Il dit aux enfants qu’ils vont dormir sans rien manger. La situation est compliquée pour Héritier. Il s’inquiète pour ses petits frères. « C’était dur pour moi de voir mes frères dormir le ventre vide. J’avais mal au cœur », me confie Héritier. Il repense à cette période difficile qu’il vit encore parfois aujourd’hui.
Je suis Arsène Bwimba. J’ai 16 ans et j’étudie au collège Alfajiri. Dans la ville de Bukavu, je suis président du comité urbain des enfants dans ma ville.
« A chaque jour suffit sa peine »
Pour nourrir la famille, Héritier et son père ramènent chacun de la nourriture ou de l’argent. « On vit un au taux du jour », me dit Héritier. En fait, il voulait dire qu’ils vivent au jour le jour. Et ne dépend que de ce que ramène son père à la maison, au quotidien. Du coup, quand Héritier et son père n’ont pas d’argent, toute la famille dort affamée. Héritier regrette d’avoir arrêté ses études. Ses frères ont aussi arrêté l’école. « J’ai mal quand je vois que mes frères ne vont plus à l’école. Nous arrivons à trouver à manger. Mais, si on n’étudie pas, notre avenir est compromis », regrette cet enfant. Le manque d’argent dans sa famille fait que leur père ne peut pas les envoyer tous à l’école.
Héritier ne gagne pas beaucoup d’argent dans ses activités. Il ramène souvent 2000 francs par jour. Avec cet argent, sa mère peut trouver comment préparer pour tout le monde. Parfois, Héritier ramène de la farine pour préparer du fufu.
Alors, je lui ai demandé comment est-ce qu’il se sent dans sa nouvelle sans aller à l’école. « Je m’habitue avec ma nouvelle vie. Je n’ai vraiment pas le choix. Si je ne veux pas mourir de faim, il faut trouver des solutions », me dit-il.
J’ai de la peine pour lui. Je quitte cet enfant pour le laisser travailler. Il lui arrive de finir son travail tard dans la soirée, autour de 22 h. C’est encore une autre information qui me choque. C’est comme ça.
En fait, malgré ma peine pour ses conditions de vie, j’apprécie tout de même le courage de cet enfant. Je l’admire vraiment. Je sais qu’il y a aussi d’autres enfants qui vivent la même chose qu’Héritier. Pour moi, Héritier ces enfants méritent de vivre dans un meilleur du monde où leurs parents prennent soin d’eux. Mon souhait, est de voir ces enfants retourner à l’école pour préparer leur avenir. C’est aussi pour cela que je me suis engagé dans les comités d’enfants. Je vais plaider pour la cause de ces enfants qui ne vont pas à l’école.
L’enfant a droit à l’éducation, aux soins de santé et plusieurs autres choses. Je veux juste que ce soit possible pour ces enfants. Je le souhaite.
Encadreur : Jérémie Karagi