Gloire Kinyengele, 18 ans, est enfant reporter de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu.

Depuis quelques semaines à Goma, des images de personnes mortes durant la guerre sont exposées au centre-ville, précisément au rond-point GDBL. Ces images me font froid dans le dos et me traumatisent, même si elles sont vraies.

Le 2 août dernier, le mouvement citoyen Wazalendo a organisé une marche pacifique à Goma qui a été clôturée par le lancement d’une exposition photos au rondpoint BDGL pour rendre hommages aux victimes de la guerre dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). 

La première fois que j’ai vu ces images, je n’ai pas su quoi penser… C’était effroyable de voir des images d’hommes, de femmes, d’enfants et même de bébés tués à la machette. Leurs visages méconnaissables m’ont hanté pendant des jours. Ce sont des images qu’il ne faudrait jamais voir !

Ces images choquantes et cruelles sont déjà traumatisantes pour les adultes, mais tous les enfants qui passent par ce rond-point pour se rendre à l’école par exemple sont obligés de les voir. Je me suis posé un tas de questions après avoir vu ces images, de questions qui n’auront pas forcément des réponses :

  • Si permet l’affichage de ce genre d’images, qu’est-ce qu’on fait des droits humains ?
  • Qu’est-ce qu’on fait du respect dû aux morts ?
  • Les organisateurs ont-ils pensé aux conséquences que ces images pourraient avoir sur les enfants ? 
  • Ont-ils pensé aux répercussions de telles images sur les enfants et sur la perception qu’ils auront du monde ? 

Bien que la liberté d’information soit reconnue par l’article 24 de la Constitution, la Convention relative aux droits de l’enfant préconise l’accès à une information appropriée aux enfants dans l’article 17. En tant qu’Enfant Reporter, je recommande le retrait de ces images sensibles et aussi que leurs organisateurs répondent de cet acte qui n’est pas anodin. Il faut aussi une prise de conscience collective sur l’impact des images et des informations sur la vie des enfants.