Faveur Maniku, 16 ans, est Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle a participé au Forum des Filles de la RDC en 2022.

Deuxième partie de l’article sur les problèmes des enfants. Nous avons publié hier la première partie et là, c’est la deuxième consacrée aux mécanismes que certains enfants développent pour se protéger contre certaines souffrances.

 

Je voudrais parler de la santé mentale des enfants. Ce sujet est méconnu de beaucoup de personnes. Et on n’y pense pas forcément et on n’en parle presque pas. Souvent j’entends certaines personnes dire que « les enfants n’ont pas des problèmes ».

Se renfermer pour se protéger

En même temps, sa vie à l’école est un calvaire. Elle était nouvelle et tout le monde s’en prenait à elle. La souffre douleur de sa nouvelle école. Elle se faisait tabasser jusqu’à en perdre des dents. Avec le temps, sa situation n’a fait qu’empirer. Ngoya constate que les élèves de son école sont cruels et méchants. On lui arrachait ses affaires, déchirait son sac et on l’insultait. Certaines insultes étaient tellement vulgaires. Cela blesse profondément l’enfant.

« Je n’ai pas le courage de dénoncer mes bourreaux. En fait, une fois, j’ai essayé de dénoncer et personne ne m’a cru. Je décide alors de garder mes problèmes pour moi », me confie Ngoya. La fille a du mal à s’adapter et même à parler aux gens ou à se faire des amis. Alors, elle se renferme pour se protéger.

Peu à peu, Ngoya commence à s’ouvrir. Mais, elle a toujours peur.

Autour d’elle, l’enfant ne trouve personne à qui se confier. « À vrai dire, j’avais aussi un peu honte de parler de mes affaires aux autres. J’aimais montrer que tout allait bien même quand j’étais au bout de mes forces », se souvient-elle.

La dépression et pensées suicidaires

À force de garder autant de tension, stress et frustrations, Ngoya tombe dans la dépression.

« Je le savais et j’en étais consciente. Mais je refusais de l’admettre. J’avais des troubles du comportement qui ont ensuite donné naissance à des envies suicidaires. J’ai déprimé. Il suffisait de me faire un reproche pour que je me dise que personne ne m’aime et qu’il vaut mieux que je m’en aille », raconte l’enfant.

Pour nourrir son mal-être, Ngoya a plusieurs raisons. « J’ai commencé par me dire que personne ne m’aime. Ensuite, je suis la cause de leurs souffrances. Et puis, je me suis dit qu’ils ne me comprennent pas. Enfin, jamais je ne serai à la hauteur de leurs attentes. J’avais un plan. Non. Des plans. J’ai d’abord pensé à partir sans rien dire. Mais, j’avais peur qu’il ne m’arrive un malheur de plus. Alors j’ai décidé de me couper les veines. En fait, je ne voulais pas souffrir. Et là, il m’est venu une idée, celle de prendre des médicaments. Je me suis dit qu’une mort par overdose ne devait pas être très dure », regrette l’enfant.

À cause de son mal-être, l’enfant se convainc que ses proches seraient mieux sans elle. Pour elle, la mort valait mieux que vivre dans de telles souffrances. « Je voulais aller me reposer. Mais j’étais croyante. Et je savais que ma vie ne m’appartenait pas et que je n’avais pas le droit de me l’ôter. Du moins, je n’en avais pas le courage », raconte Ngoya.