Moi, c’est Jordan, jeune reporter de la ville de Goma et j’ai 17 ans. Je veux parler de la vie de mon ami Daniel. Lui aussi a 17 ans et habite dans le même quartier que moi. Nous vivons à Katindo.
En fait, Daniel étudie à l’Institut Mont Carmel dans la ville de Goma. II est en première année secondaire. Il m’a raconté son rêve de devenir Gouverneur un jour. Il voudrait même devenir président de la République. Et pourquoi ?
Je discutais avec Daniel et je lui ai posé quelques questions pour savoir ce qui a changé dans sa vie après les affrontements qui ont eu lieu à Goma. En fait, Daniel n’a pas toujours vécu à Goma. Il vient de Béni. Et cela ne fait que cinq mois depuis qu’il est à Goma. Il est venu à Goma pour poursuivre ses études.
« J’aime beaucoup les étudier. Mon père a préféré m’envoyer à Goma pour m’épargner des conflits armés à Béni. Mais malheureusement, au mois de janvier, la guerre a éclaté. Je me suis dit : est-ce que cette année sera vraiment bonne pour moi et pour d’autres élèves ? », se demande Daniel.
Disons qu’à Béni, la région connaît aussi beaucoup des situations d’insécurité. « Cette guerre à Goma ne me fait pas trop peur. À Beni, j’avais déjà vécu une situation de guerre pire que celle de Goma. C’était vraiment difficile là-bas. À Béni, on tuait des gens, et même des enfants, sans aucune raison. À Goma, c’est moins violent, mais la guerre ce n’est pas bon. On entend régulièrement des coups de feu. On compte des morts et des enfants sont parmi les victimes.
Malgré tout, la situation à Goma est préoccupante. Daniel me confie qu’il va à l’école avec la peur au ventre. Mais il doit y aller parce que c’est un ordre de son père. « Je n’ai pas le choix. Je le remercie, car il veille sur ma protection. Mon père n’aime pas que je traîne à l’extérieur après l’école. Il m’interdit de ma promener, de ne pas jouer loin de la maison. En fait, il y a même une barrière pour nous empêcher d’aller jouer à l’extérieur. Alors, je joue au ballon avec Aaron et Jordan, mes voisins qui sont devenus aussi mes amis. Leurs parents sont comme mon père et c’est ainsi que nous passons nos moments ensemble », raconte Daniel.
Daniel comprend bien toutes les limites que son père a mis pour veiller sur lui. « Je me sens bien parce qu’on respecte mes droits (l’éducation, la protection et le droit de jouer) », poursuit cet enfant.
Lorsque je l’ai entendu me raconter toute son histoire, j’ai aimé de voir qu’il voit d’abord le bien que son père cherche pour lui, malgré tout ce qu’on lui interdit de faire.
Cet enfant m’a dit qu’il rêve de devenir politicien (président, ministre, député…). Et pourquoi ? « C’est pour améliorer l’état du gouvernement de notre pays et lutter contre la pauvreté. C’est par la bonne gouvernance qu’on pourra rendre notre pays riche et veiller pour que les droits des enfants soient respectés », a conclu Daniel. J’ai bien aimé sa façon de voir les choses.