Je m’appelle Déborah Edjobola. J’ai 14 ans et suis élève en 4ère année scientifique au collège archiépiscopal Nsong’Aliandja à Mbandaka.
Je voudrais vous parler de Joséphine. Elle est sourde-muette et elle m’a démontré sa capacité à communiquer après avoir suivi la formation des enfants reporters à Mbandaka en septembre dernier.
En fait, après la formation que nous avons suivi fin septembre dans le cadre du Projet de développement du système de santé (PDSS) à Mbandaka, l’un des animateurs m’a demandé de discuter avec Joséphine. Ce projet financé par la Banque Mondiale s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la maladie à virus Ebola qu’a connu cette province.
En fait, je ne voyais pas comment je pouvais échanger avec cette fille. Je trouvais cela impossible, parce que je savais que la fille n’allait pas m’écouter. En plus, j’avais remarqué que pendant la formation elle avait un interprète qui lui faisait des signes. Son interprète Jean-Claude Bwitambeke est en fait le directeur de son école Centre Bolingo, un centre d’éducation spécialisée pour sourds muets. C’est l’unique centre à Mbandaka.
Alors, j’étais un peu rassurée par la présence du directeur. L’interprète est le directeur de son école. Au mois de mai de cette année, les encadreurs des enfants reporters de Mbandaka ont mené des campagnes de sensibilisation auprès des sourds muets pour leur dire la conduite à tenir en cas de la présence des symptômes de la maladie à virus Ebola. C’était une belle expérience. Et le Directeur de cette école a plaidé pour qu’on puisse toujours tenir compte des sourds muets, un public parfois oublié pendant les campagnes de sensibilisation contre Ebola ou contre la Covid-19.
Je ne savais pas trop comment faire pour discuter avec Joséphine. Je parle et elle ne parle pas. C’était la première fois dans ma vie d’échanger avec une personne tout en regardant l’interprète et Joséphine.
Joséphine a bien suivi la formation sur les droits de l’enfant
Alors, quand j’ai commencé à lui poser des questions par rapport à ce qu’on nous avait dit pendant la formation, je pensais que Joséphine ne serait pas à mesure de me dire exactement ce qu’elle avait compris. C’était tout le contraire. En lui posant des questions, j’étais désorientée. Je ne savais pas qui regarder. Il fallait regarder Joséphine ou soit son interprète ?
Pendant que je lui posais mes questions, Joséphine était très concentrée et regardait les mouvements de mes lèvres et les signes de son interprète. Elle déplaçait rapidement ses yeux entre moi et son interprète.
Comment elle a suivi la formation ? Elle m’a dit qu’elle a suivi la formation en veillant aux mouvements des lèvres des formateurs pour déchiffrer leurs paroles et aussi grâce à son interprète. Joséphine m’a confié qu’elle a vraiment aimé le déroulement de la journée et des activités. En fait, dans son école, lors de
Joséphine m’a parlé de la survie et du développement
Quand elle a répondu, j’étais encore surpris d’entendre ce que l’interprète me disait. J’ai posé une autre question pour savoir si elle avait vraiment compris le contenu de la formation. De quoi avons-nous parlé pendant la formation ? Joséphine me dit qu’on a parlé de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Elle m’a dit que cette convention est divisée en 3 parties et elle comprend 4 thèmes. Joséphine a cité 2 thèmes dont : la survie et le développement. Franchement, j’étais perturbé. J’ai trouvé qu’elle est brave pour suivre la formation avec sa technique alors qu’elle est sourde-muette. En fait, après ma discussion avec Joséphine, on a continué à parler et d’autres enfants sont venus discuter avec elle. A un moment donné, elle ne voulait même plus de la présence de son interprète. C’était une belle expérience.
C’est tellement rare de voir des enfants sourds muets participer à des formations avec d’autres enfants sur leurs droits. Et à Mbandaka, j’aimerais que ces enfants puissent étudier dans les meilleures conditions pour qu’ils aient une bonne formation. En fait, nous avons tous les mêmes droits à l’éducation. Et pendant cette formation, dans le cadre du projet de développement du système de santé (PDSS), près de 70 enfants ont été formé aux techniques de plaidoyers et sur la CDE. Ils ont aussi appris comment rapporter des histoires, notamment aussi dans le cadre de la lutte contre Ebola dans leurs différents milieux.
C’est une fille très intelligente. Sa capacité à suivre en même temps la formation et son interprète m’a grandement surprise. Et cela m’a même donné envie d’apprendre la langue des signes