Après les inondations de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu, j’ai rencontré Judith à Bushushu. Son village a été touché par les inondations. Judith est en 6ème des humanités. Elle a failli être emportée par les eaux.
Pendant les inondations, elle était dans la maison avec d’autres membres de sa famille. Neuf au total. Elle et son petit frère sont les seuls rescapés.
Ils ont fui pendant les éboulements des maisons. En fait, selon les premières explications, les eaux des fortes pluies qui sont tombées sur la ville dans la nuit du jeudi 4 mai au vendredi ont provoqué la montée des eaux. C’est ainsi que les rivières Kabushungu et Chabondo ont débordé et sont sorties de leurs lits.
Les parents de Judith et d’autres membres de sa famille n’ont pas réussi à se sauver. Judith est perdue et n’arrive pas à vivre après ces évènements. Elle déambule dans les rues avec son frère. Ils n’ont pas où dormir. Ils rejoignent d’autres personnes qui dorment à la belle étoile. Leurs maisons ont été emportées.
Judith devait passer son examen préliminaire de dissertation. Elle est finaliste. Son école a été touchée par les inondations. Leur centre des examens d’état a été déplacé à plus 9 Km de leur village.
Comment passer les examens après une catastrophe naturelle ?
Pas facile pour Judith et ses collègues rescapés de passer les examens d’état et de se concentrer pour ces épreuves de dissertation. Je me demande comment un finaliste peut bien se concentrer pour passer ces examens ? Perdre ses proches et tout ce qu’on avait laisse des traumatismes. Judith et d’autres élèves de son école viennent de survivre à une catastrophe naturelle. Je n’imagine même pas le niveau de leur traumatisme. Ils n’ont ni stylo, pas d’uniforme encore moins du papier sur quoi écrire.
C’est une fois arrivé au centre de l’institut Kaboma qu’on a donné aux élèves sinistrés tout le nécessaire pour passer les examens. Les conditions dans lesquelles ces élèves passent les examens ne garantissent pas l’obtention des bons résultats. Les examens d’état proprement dit commencent en juin. Comment est-ce que les élèves qui ont tout perdu pendant les inondations de Kalehe vont les préparer et les présenter ? C’est l’incertitude.
Aider les rescapés
Selon le responsable de la sous-commission éducation, au total 563 finalistes étaient attendus pour passer les examens. Après la catastrophe, seulement 467 élèves se sont présentés au centre.
96 finalistes ont disparu. Certains enseignants et responsables d’écoles sont introuvables. C’est vraiment compliqué de passer des examens nationaux dans ces conditions.
Comme Judith et son petit frère, plusieurs personnes sont désemparées. La prise des enfants qui ont perdu leurs parents n’est pas assurée et peine à s’organiser. Ces personnes espèrent obtenir une aide des Ong locales et internationales qui viennent au secours des sinistrés. Que vont faire les élèves dont les écoles sont emportées ? Vont-ils poursuivre l’année scolaire ? Des questions auxquelles il est difficile de répondre pour le moment.
L’avenir de chaque enfant compte et nous devons faire pour donner à chaque enfant peu importe son milieu de vie.
Encadreurs: Christian Mirindi et Jospin Benekire