« On est inondé. Je t’envoie les images demain matin parce que mon téléphone est déchargé. Il a survécu ! », me dit mon ami au téléphone. Il raccroche juste après ces phrases. Je suis sans voix. En fait, je n’arrive pas à réagir. Je ne sais pas quoi dire. Les idées se bousculent dans ma tête.
Il y a quelques années de cela, j’ai moi-même connu les inondations. J’ai l’impression de revivre la scène.
Je m’appelle Emmanuel Jidisa. J’ai 18 ans et je suis contributeur de blog Ponabana, défenseur de la jeunesse et ambassadeur climat de l’UNICEF.
Le jeudi 01 mai dernier, le monde célèbre la fête du travail. Il fait chaud à Kinshasa. La météo affiche un peu plus de 30 degrés, mais ça va. On s’adapte. Le 1er mai est, un jour, férié. Les gens peuvent donc se détendre. Vers 19 heures, les premières gouttes de pluie tombent. Nous prenons des précautions pour éviter les dégâts à la maison. On a été inondé une fois. Il faut éviter de revivre la même scène. Depuis, à chaque pluie, j’ai une sorte de peur qui ne dit pas son nom. Lorsque la pluie devient violente, j’ai une pensée pour ceux qui peuvent être inondés.
Sans plus.

Les dégâts de la dernière pluie à Kinshasa (@ponabana)
Kinshasa sous les eaux
Quelques minutes après le début de la pluie, je reçois beaucoup de notifications sur mon téléphone. Tout le monde parle des dégâts de la pluie. Je suis dépassé par ce que je vois. Des quartiers sont inondés et il y a aussi des glissements de terrain. Les gens en parlent et se partagent les images sur les réseaux sociaux.
En fait, depuis quelque temps à Kinshasa, les pluies diluviennes causent des dégâts. Étant ambassadeur climat, je sais que ces dégâts sont causés par des déboisements, la mauvaise gestion de déchets, et le manque de canalisations dans la ville. Pour ne citer que ces quelques facteurs.
Lorsqu’il y a des fortes pluies à Kinshasa, il faut s’attendre à des dégâts et même des morts. C’est vraiment triste.
Des personnes qui n’ont rien demandé perdent la vie à cause des catastrophes naturelles, résultat de notre négligence de chaque jour. Je sais que mon quartier a aussi des problèmes. J’habite dans la commune de Kasa-Vubu à Kinshasa. Lorsqu’il pleut, plusieurs avenues sont inondées.
Vers 20 h, je sors de la maison. Je vais à Ngiri-Ngiri, une commune voisine. Je me demande comment est-ce que les gens ont pu célébrer le travail sous la pluie. Ce que je vois sur la route me choque. Les caniveaux débordent. Les rues sont impraticables. Les piétons ont les pieds dans l’eau. Il n’y a pas de transport en commun. Pas de moto ni taxi. J’ai de l’eau jusqu’aux genoux. Je suis obligé de marcher dans l’eau. J’ai peur des dégâts sur ma peau. À la maison, j’utilise de l’eau chaude et de l’alcool pour calmer les picotements. Heureusement que ça marche, je m’en sors bien. Mon ami, lui, s’en sort moins bien. Je vous raconte la suite demain.
Encadreuse : Abigael Mwabe