Je suis enfant reporter dans la ville de Bukavu, et j’ai 17 ans. C’est ma première année à l’Université et je repense à ce qu’a vécu ma famille en 2013. Ma famille quitte Goma cette année pour s’installer à Bukavu.

 

 

Pourquoi ? À cause de l’insécurité à Goma. Depuis 2013, ma famille n’a plus quitté Bukavu.

Après toutes ces années, je me demande, pourquoi est-ce qu’il y a souvent des rébellions et des guerres dans cette partie du pays et notamment dans la province du Nord-Kivu ?

 

 

En fait, je me sens très mal quand j’entends ou quand je vois ce qui se passe dans la partie Est de mon pays. Une partie de ma famille élargie vit à Goma, dans la province du Nord-Kivu, où la situation sécuritaire est souvent volatile.

 

 

Présentement, en ce mois de janvier 2025, la ville de Goma est sans eau ni électricité. Certains quartiers de la ville n’ont pas de connexion internet. Je ne m’imagine même pas comment est-ce que les gens peuvent vivre dans ces conditions.

 

Dans la nuit du 26 au 27 janvier, des coups de feu ont été entendus dans la ville de Goma et ses environs. Des tirs à l’arme lourde aussi. En me réveillant le matin, je vois dans plusieurs groupes ce qui s’est passé à Goma. On raconte que les habitants de Goma n’ont pas fermé l’œil. Je suis stressée.

 

 

Quel est le sort des enfants ?

 

À Bukavu, ce lundi 27 janvier 2025, une marche pacifique est prévue pour réclamer la paix dans l’Est du pays. La couleur adoptée pour la marche est la couleur blanche. Plusieurs bureaux de l’Etat n’ont pas ouvert. Les écoles, les entreprises, les ONG, les alimentations, etc., tout est resté fermé. Nous ne pouvons rester indifférents face à cette situation à Goma. Je le comprends. La situation dans la ville voisine de Goma me touche personnellement à Bukavu.

 

 

Dans les rues de Goma et de ses environs, les larmes de plusieurs familles coulent. Les enfants orphelins crient. Beaucoup d’enfants se retrouvent seuls, désorientés, simplement parce qu’ils se sont égarés en chemin. Ils ont perdu leurs proches. « Après avoir échappé à la mort, ils sont parfois blessés. Certains enfants non accompagnés passent la nuit à la belle étoile. Séparés de leurs proches, ils ne peuvent même plus étudier, ni manger convenablement », m’a dit ma tante. La vie devient pratiquement impossible.

 

 

Chaque enfant, sans discrimination, mérite de vivre dans un environnement paisible et sans violence.

 

L’article 72 de la loi portant protection de l’enfant du 10 janvier 2009 affirme que « l’État garantit la protection, l’éducation et les soins nécessaires aux enfants affectés par les conflits armés, les tensions ou troubles civils, spécialement à ceux trouvés et non identifiés par rapport à leur milieu familial. Cette disposition s’applique également à l’enfant déplacé par suite d’une catastrophe naturelle ou d’une dégradation des conditions socio-économiques ».

 

À Goma, les enfants méritent aussi de bénéficier de cette mesure que prévoit la loi. Mais où se trouve la réalité des choses ? Bien loin en tout cas. Pourquoi seulement l’Est? 2025 qui semblait être une année prometteuse, fait terriblement peur, car elle commence très mal! Finira-t-elle dans cette situation ? Je veux croire le contraire.

 

 

J’implore au gouvernement congolais et au Président de la République démocratique du Congo de trouver une solution pour restaurer la paix et faire respecter cette loi afin de garantir à chaque enfant la vie dont il a toujours rêvé.

 

 

Encadreur : Jérémie Karagi