« Ce ne serait pas cette fameuse maladie dont on parle sur les réseaux sociaux ?» , demande la mère de mon amie après quelques malaises de sa fille. De quelle maladie on parle ?
On fait semblant de ne pas savoir. Et pourtant, on sait bien que c’est de la mpox dont on parle. Panique à la maison. Je suis Tatiana Sophie, présidente du comité d’enfant du foyer Ek’abana dans la ville de Bukavu, province du Sud-Kivu.
Charly a 10 ans et vit dans mon quartier. Je lui donne ce surnom pour lui éviter une quelconque stigmatisation. En fait, je suis l’amie de sa sœur. Elles habitent à quatre parcelles de chez moi. Lorsque j’entends sa maman parler de sa maladie, je stresse aussi. Je me dis que si Charly est atteinte de la mpox, cela voudrait dire que d’autres membres de sa famille le sont aussi. Comme je suis amie avec sa sœur, potentiellement, je suis aussi contaminé. Pour le savoir, il faut attendre les résultats du dépistage de la famille. La pression augmente. J’ai peur.
Maladie transmise pendant la fête
En août dernier, l’une des sœurs de mon amie devait se marier. Pour le mariage, des membres de la famille ont fait le déplacement. Parmi eux, un oncle venu malade de Masisi, dans la province du Nord-Kivu. Il se plaint souvent des maux de tête, de fatigue et il a de la fièvre. Rien de très alarmant à première vue. Le mariage passé, l’oncle rentre chez lui.
En septembre, les cours reprennent. Charly est malade. Elle a de la fièvre et se plaint souvent des maux de tête. Un jour, elle est libérée avant la fin de la journée par les responsables de l’école. Drôle de façon de commencer l’année. Heureusement, quelques jours plus tard, les enseignants décident de faire grève. On ne peut pas aller à l’école. Alors, en allant jouer avec sa sœur, j’apprends que Charly ne peut pas aller à l’école. En allant jouer avec sa sœur, j’apprends que Charly fait aussi de la fièvre. Elle a les mêmes symptômes que son oncle venu de Masisi. Pour sa mère, il n’y a aucun doute. L’oncle a bien ramené la maladie. Les mois qui suivent, Charly a d’autres symptômes. Après deux mois, elle a des boutons sur la peau.
La maman a peur. Malgré tout, elle emmène Charly dans un centre de santé pour un diagnostic. Après consultation, le centre transfère rapidement Charly à la clinique universitaire de Bukavu où sont traités les cas confirmés. Charly est testée positif à la mpox. Sa mère est gardée en observation et sa famille mise en quarantaine. Dans le quartier, chacun prie pour être épargné de la mpox. Surtout, ceux qui ont été en contact avec la famille. De mon côté, je prie aussi.
Heureusement pour moi, d’autres membres de la famille de Charly sont négatifs. Charly est la seule atteinte. Elle commence son traitement. Dans le quartier, c’est le soulagement.
Mon plaidoyer
En fait, je pense que les gens doivent être informés davantage sur la mpox. Ainsi, ils pourront apprendre les mesures à adopter face à cette maladie et comment se protéger. Des messages de sensibilisation existent, mais à mon avis, on peut en faire plus. Il faudrait faire plus.
Encadreur : Jérémie Karagi