Ketya, 16 ans, est une Enfant Reporter de la ville de Goma. « Je compte devenir une grande dame », dit-elle.

J’écris pour tirer la sonnette d’alarme. J’ai assisté à la projection d’un documentaire à l’Institut Français de Goma. En fait, le film m’a touchée et je vous en parle. 

 

Quelques minutes avant la projection du film, on discutait avec d’autres jeunes sur la situation du pays, notamment la guerre dans l’Est et les tueries de populations. 

«La voix des oubliés» raconte les événements de Béni, dans la province du Nord-Kivu. Comment les élèves ont organisé des marches pacifiques, pour réclamer la paix et le pouvoir d’étudier sans interruption. 

J’ai pleuré. Mes larmes ont coulé suite à l’émotion. En même temps, j’avais la rage de voir les images d’enfants malmenés par les forces de sécurité alors qu’ils manifestaient pour réclamer leurs droits. 

 

«La voix des oubliés», a été réalisé à partir de vidéos filmées par les enfants pendant la période de crise. Les élèves n’étudiaient plus pendant plusieurs jours à cause des massacres et tueries enregistrés à Béni. Ces enfants ont subi des violences des forces de sécurité juste parce qu’ils voulaient rentrer à l’école et préparer leur avenir. 

 

L’avenir des enfants en jeu

 

Les élèves de Béni ont fait un sit-in devant la mairie de la ville, loin de leurs parents et de leurs familles. Pour eux, l’objectif de la manifestation était plus forte que les conséquences qu’ils pouvaient subir. Ils devaient se battre pour sauver leur avenir.

Ils ont campé et dormi à la belle étoile, sans qu’aucune autorité ne réponde à leurs revendications. Ils se sont organisés pour tenir pendant trois jours et trois nuits sans aucun incident. Ils ont construit des toilettes et ont tout fait pour garder le milieu assaini. Malgré leurs réclamations, les autorités n’ont rien fait pour eux. Au lieu de recevoir des solutions, ils ont reçu des menaces et des pressions. Mais ils ont résisté parce que leur avenir était en jeu. 

Les enfants ont été jetés en prison, frappés et torturés. Même en prison, ils sont restés déterminés et ont réclamé que le Président Tshisekedi aille à Beni pour trouver une solution à leurs problèmes. Certains enfants blessés n’ont pas été bien soignés dans les hôpitaux publics de Beni. Ils n’ont pas été bien accueillis. Cela a été un fardeau pour leurs parents. 

La voix des oubliés de Beni (@ponabana)

Et lorsque le Président Tshisekedi est arrivé à Béni, il a promis de changer les choses et de faire soigner ces enfants blessés. Cela n’a pas été fait. C’était juste une promesse non tenue. Parmi les victimes, certains avaient entre 6 et 8 ans. 

Après avoir regardé ce film plein d’émotion, je me suis mis à réfléchir et à me poser des questions. 

Dans quel état d’esprit ces enfants grandiront-ils ? Que sera l’avenir du Congo avec des enfants maltraités comme ceux de Béni ? 

 

Ce que je crois

 

En fait, je pense que si on ne fait pas attention, on peut non seulement tuer l’avenir de ces enfants, mais aussi tuer l’avenir du Congo. 

Les autorités devraient agir urgemment. Les gens qui meurent et qu’on tue à Beni ne sont pas des animaux. Ce sont des humains qu’on ne cesse de tuer, de massacrer et de violer. Les parents doivent garantir l’avenir de leurs enfants qu’on tue chaque jour. Ce sont des enfants qu’on laisse orphelins et dont l’avenir est brisé. 

 

Cette situation est déplorable et absurde. À l’instar des autres, ces enfants ont aussi le droit de recevoir une meilleure éducation comme celle que les enfants de différentes autorités reçoivent. Ils ont aussi le droit de grandir près de leurs parents comme d’autres enfants. S’il vous plaît, ces enfants ont des droits. 

 

C’est un S.O.S pas un article 

Chères autorités, prenez conscience de tout ce qui se passe dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Il est temps que vous agissiez en faveur de votre population et pour la sécurité des enfants qui sont l’avenir du Congo. 

Pour cette fois, ne restez pas indifférents. Prenez conscience de ce qui se passe à Beni. Nous sommes traumatisés et l’avenir de certains enfants est brisé à jamais. S’il vous plaît, faites quelque chose en faveur des enfants de Beni. 

C’est un cri de cœur que je lance.