Mon ami habite la commune de Bandalungwa à Kinshasa. Son quartier a été inondé. Il me l’annonce le jour même. Le vendredi 02 mai, un jour après la pluie, il me donne un peu plus de détails. Je suis Emmanuelle Jidisa, contributeur de blog Ponabana, défenseur de la jeunesse et ambassadeur climat de l’UNICEF.
Je vous ai raconté comment s’est passé la journée du 1er mai sous la pluie à Kinshasa. Alors, je vous raconte ce que mon ami a vécu lorsqu’il a été inondé.
Pas de sommeil lorsqu’il pleut
« Il ne faut pas dormir lorsqu’il pleut ». C’est la devise dans le quartier de mon ami. Chacun dort en restant éveillé. Il faut faire attention à la montée des eaux.
Le jeudi 1er mai, la vigilance des habitants du quartier n’a pas arrêté la pluie. Lorsque mon ami m’appelle le lendemain, sa première phrase : « Mon cher, tout est foutu. J’ai tout perdu, sauf la tenue de foot que je portais avant la pluie. Je le porte encore maintenant », me dit-il. Dans son quartier, ils ont veillé toute la nuit. Personne n’a dormi. L’eau débordait de partout et entrait dans les maisons. Ils ont tout perdu. Et vous savez quoi ? Aucune aide n’est apportée aux sinistrés.
« Aucune mesure n’a été prise pendant ou après la pluie. On a juste essayé de sauver des vies. Deux policiers sont passés et quelques journalistes ont pris des images. Nous attendons toujours le passage du bourgmestre, poursuit mon ami. Tout est abîmé. On ne peut rien récupérer. L’eau se mélangeait au sable et entrait dans nos maisons. C’est une première pour nous ».
Il me parle des familles qui se sont abritées sur les toits, des enfants qui pleuraient à cause du froid, etc. La détresse dans sa voix me rappelle notre inondation. Je le comprends. Cela me fend le cœur. Je reçois sur mon téléphone des images d’autres catastrophes dans d’autres parties de la ville de Kinshasa. Des vidéos où l’on voit des gens plonger dans l’eau pour sauver un matelas. J’ai vu des parents se débattre pour garder leurs enfants hors de l’eau. Il y a même des morts. C’est grave.
Il faut faire quelque chose
Devant ces vidéos, je me pose une question : qu’est-ce qu’il faut encore pour comprendre qu’il est temps d’agir ?
En fait, on ne peut plus accepter que chaque pluie soit une menace pour nous. Ce n’est pas normal que les enfants grandissent en apprenant à survivre aux inondations. Il y a des enfants dont les vies sont bouleversées à cause de l’action ou de l’inaction des adultes. Ce n’est pas normal que des familles dorment les pieds dans l’eau, dans la boue dès qu’il pleut. Il faut que cela cesse !
Aujourd’hui, on parle de l’adaptation comme solution possible face aux effets du changement climatique. Mais comment les enfants font pour s’adapter ? Sont-ils suffisamment outillés ? Je crois que non. Il faut mener des actions concrètes contre le réchauffement climatique. Il faudrait avoir un plan d’urgence réel contre les inondations, avoir un plan pour la gestion des déchets dans la ville, etc. Nous devons assainir la ville de Kinshasa, construire des canalisations et mieux gérer les eaux usées.
Lorsqu’on a des nouveaux lotissements, il faudrait veiller à ce que les terrains vendus ou occupés soient conformes à l’urbanisme de la ville. Mais surtout faire de la population des défenseurs de l’environnement. Nous voulons plus que des discours après une catastrophe, nous voulons en être protégés. Les autorités doivent faire leur part. La population prendre aussi ses responsabilités en adoptant des gestes éco-responsables.
Encadreuse : Abigaël Mwabe