Choisie Nseka est jeune encadreur des Enfants Reporter à Kinshasa. Elle a participé à plusieurs activités de plaidoyer en faveur de la protection, de l’éducation et de la participation des enfants. Aujourd'hui elle est parmi les jeunes encadreuses des jeunes.

 

Mon amie est orpheline de mère depuis cinq ans. Après la mort de sa mère, son père a épousé une autre femme. Visiblement, cette femme ne porte pas mon amie dans son cœur.

Très vite, la belle-mère a commencé à maltraiter mon amie. Il est temps pour moi de vous parler de cette fille que j’appelle Sarah pour préserver son intimité. Je m’appelle Patricia et j’ai 12 ans. Je suis enfant reporter dans la ville de Kinshasa. Mon amie Sarah est violentée par sa belle-mère.

 

Entre-temps, son père assure l’accès à l’éducation à sa fille. Il paie les frais scolaires et tout le nécessaire, mais, la belle-mère ne veut pas que l’enfant aille à l’école. Elle préfère que Sarah passe le plus de temps avec elle, à la maison. C’est pour passer plus de temps entre filles. C’est ce que la belle-mère racontait au papa. Et lorsque le père est absent, la belle-mère a le champ libre pour maltraiter l’enfant.

 

« Papa, je veux aller à l’école »

 

Lorsque Sarah se retrouve avec son père, elle lui rappelle qu’elle préfère être à l’école. « Papa, je dis la vérité. Je veux aller à l’école pour construire mon avenir. Chaque enfant a droit à la liberté, mais tu me prives de la mienne. Je veux étudier », répète Sarah à son père. Et le papa disait que la belle-mère veut passer plus de temps avec elle. À un moment, Sarah a voulu partir de la maison de son père. Pour elle, c’était le seul moyen d’avoir la paix. Un soir, comme il lui arrive souvent de parler à son papa, l’enfant revient sur le sujet de ses études et de comment elle était maltraitée. « Arrête de raconter des bêtises », gronde son père. Il ne croyait pas en un seul mot que racontait sa fille.

 

Le père de mon amie ne pouvait rien savoir. Il quittait la maison à 5h 00 du matin pour le travail et rentrait assez tard le soir. Pendant ce temps, la belle-mère envoyait mon amie vendre de l’eau en sachet plutôt que de l’envoyer à l’école. Le soir, lorsque Sarah parle de ce qu’elle vit avec sa belle-mère, son père ne croit pas en tout ce que sa fille lui raconte.

 

 

Un soir, après avoir parlé à son père, mon amie est allée dormir en pleurant. En fait, sa vente de la journée n’était pas à la hauteur des attentes de sa belle-mère. Et là, la belle-mère l’accuse de n’avoir pas bien fait son travail. Ma copine a passé une journée frustrée, sous un soleil ardent. En fait, elle n’avait pas d’autres choix que de vendre. Le soir, elle était déçue par l’attitude de son père. Elle n’en pouvait plus.

 

 

Le lendemain, Sarah est battue par sa belle-mère qui l’accuse de détruire son commerce. Elle menace de lui créer des problèmes si elle ne ramène pas assez d’argent de la vente d’eau. Ce jour-là, en voulant tout vendre, mon amie a passé plus de temps que d’habitude dans la rue. Vers la fin de la journée, alors qu’elle marchait épuisée, elle rencontre son père. Lorsqu’elle le voit, elle ne peut plus contenir ses larmes. Elle les retenait depuis longtemps. Sarah le regarde sans un mot, les larmes qui coulent sur ses joues. Lorsque enfin le silence se brise, c’est Sarah qui prend la parole en premier.

 

« Papa, regarde ce qu’elle me fait quand tu n’es pas là. Je dois aller vendre », dit-elle à son père, la voix pleine de tristesse. Choqué par la scène qu’il voit, son père qui ne disait rien jusque-là, s’excuse auprès de sa fille. Il lui demande de lui pardonner d’avoir plus fait confiance à sa femme. En voyant son enfant pleurer, il avait compris la vérité.

 

Enfance retrouvée…

 

Lorsque le père arrive à la maison, le soir, il a une discussion tendue avec la belle-mère de Sarah. Il demande à sa femme quel mal l’enfant lui a fait pour mériter le mauvais traitement qu’elle vit. Tout naturellement la femme nie tout en bloc. Sous la colère, le père de Sarah demande à la femme de partir de la maison. Pour lui, une femme qui n’aime pas son enfant ne peut pas l’aimer non plus. C’est là que la belle-mère de Sarah commence à supplier et demander pardon. Le père est catégorique. Il a décidé de défendre sa fille.

 

Après cela, mon amie a repris l’école. Elle n’est plus obligée d’aller vendre. Sarah a tout de même pris du retard dans sa scolarité. Elle avance comme elle peut. Sarah peut construire son avenir. Elle a repris le sourire.

C’est tellement de retrouver son amie heureuse d’être à l’école et de vivre pleinement sa vie d’enfant.

 

Encadreur : Josué Bolongo