Anne Nawej, 13 ans, est enfant reporter dans la ville de Kinshasa.

Métier ? Chirurgien des voitures. Vous vous êtes sûrement demandé ce que voulait dire chirurgien des voitures ? Eh bien, j’ai eu la même réaction lorsque mon cousin m’a dit ce qu’il voulait faire comme métier. Lorsque je lui demande de répéter, il commence par me donner quelques explications pour m’aider à comprendre de quoi il parle.

Je m’appelle Anne Nawej et j’ai 13 ans. Je suis élève à l’institut Saint Louis et je suis enfant reporter de Kinshasa.
Mon cousin est à peine plus âgé que moi. Et depuis tout petit, il veut faire la mécanique. Il rêve mécanique. Il parle des voitures et des mécaniques. Parfois, je ne comprends pas exactement de quoi il parle. Sa mère ne veut pas entendre parler de mécanique. Elle ne voit pas son enfant en salopette en dessous des voitures. La mère veut que son fils fasse médecine. Et je crois qu’elle veut que mon cousin devienne ce qu’elle projette. Mais mon cousin n’en veut pas.

De la chirurgie humaine à la chirurgie mécanique 

En fait, il est fasciné par la mécanique. Il l’a toujours été. Depuis tout petit, mon cousin s’est toujours vu en train de réparer les voitures et de changer les pièces des grandes marques automobiles. Il m’a expliqué que pour lui, être mécanicien, c’est comme être médecin. Et pas n’importe quel médecin. Mon cousin se considère comme un futur « chirurgien des voitures ».
« Les médecins opèrent le corps humain. Moi, je vais opérer les voitures et en prendre soin », m’a confié mon cousin lorsqu’on discutait. Je comprenais mieux sa pensée. Quand mon cousin dit à sa mère ce qu’il faire comme métier, le refus maternel est catégorique. Elle ne veut pas de mécanicien dans sa famille. Elle insiste pour que mon cousin fasse l’option scientifique. C’est ce qu’il fait déjà. L’enfant n’avait pas d’autres choix.
Une succession d’échecs
Lorsqu’il arrive en scientifique, mon cousin collectionne les échecs. Sa mère n’en revient pas. Malgré ses efforts, ma tante n’arrive pas à convaincre mon cousin d’aimer la scientifique. Mais rien n’y fait. Il est toujours malheureux. L’enfant n’aime pas.
Après plusieurs échecs, mon cousin s’est enfin décidé à étudier, au moins pour passer de classe. En fait, sa mère était décidée à le laisser en scientifique quoi qu’il fasse. Même s’il fallait rester à l’école pour toujours. Aujourd’hui, mon cousin continue d’étudier pour devenir médecin. Et même s’il est malheureux, au moins, sa mère, elle est heureuse. Cela semble être l’essentiel. L’enfant n’a toujours pas intégré le futur que projette sa mère : devenir médecin en blouse blanche.
Je suis un peu triste que mon cousin vive cette situation. Il était plein de vie et il a toujours cru en ses rêves. Aujourd’hui, il a perdu le sourire et il ne croit plus en son rêve de devenir mécanicien. Il préfère laisser les autres décider pour avoir moins mal si son avis ne compte pas. Au moins, il n’aura rien dit. J’espère qu’une fois à l’université, il pourra revenir à son amour pour la mécanique. Il pourra choisir entre les sciences techniques appliquées ou la polytechnique, s’il ne renonce pas définitivement à la mécanique. Sinon, il devra s’orienter pour la médecine et oublier définitivement sa passion, la mécanique.
Encadreur : Guy Muzongo