✍️ Par Rifine Mumbiri, contributrice du blog Pona Bana
Nathan* a 10 ans. C’est un enfant « de la rue » que je vois souvent à Kintambo. Nathan, ce n’est pas son vrai nom, mais un nom d’emprunt. Je me demandais comment un enfant pouvait se retrouver dans la rue à un si jeune âge, alors je me suis approché de lui : nous avons commencé par nous saluer, jel ui ai offert à manger et puis finalement nous avons vraiment parlé.
« Je dois mendier pour survivre »
« Je n’ai pas de maison. Pas de parent. Personne. Je ne sais pas comment je suis dans la rue. Au début, tout allait bien. J’avais mes parents. J’étais un enfant normal », raconte Nathan.
Il marque une pause pour faire passer les larmes avant de continuer :
« En fait, j’ai perdu mes deux parents. Je devais donc aller vivre en famille. Le problème, c’est que depuis le deuil, certaines personnes pensaient que je n’aurais pas dû rester en vie. Je devais mourir avec mes parents. Mais j’étais trop jeune pour comprendre. »
Après le deuil de ses parents, la famille de Nathan lui en veut. On pense que ce n’est pas normal qu’il ait survécu. Il est recueilli par la famille d’un de ses parents, mais l’ambiance est toujours tendue.
L’accusation de sorcellerie et l’exclusion
« On m’insultait, me parlait mal et me regardait bizarrement. Parfois, on me refusait même de toucher aux affaires de la maison. C’était difficile », raconte le garçon.
Cette souffrance, Nathan la vit en silence. Personne ne compatit ni ne se demande comment se sent un enfant qui a perdu ses parents.
« Parfois, je m’enfermais pour pleurer. Je ne comprenais pas bien ce qui se passait, mais je condamnais mes parents d’être partis sans moi et de me laisser endurer tout ça. »
Nathan pleure plus souvent. Il ne comprend pas pourquoi sa famille ne l’aime pas. Il regrette chaque jour de ne pas être mort avec ses parents.
Un jour, par accident, il casse un verre. Ce jour-là, il apprend pour la première fois ce qui se dit sur lui : on l’accuse d’être « sorcier ».
« C’est ma tante qui me le dit la première. Elle me crie dessus à cause du verre cassé. Elle dit qu’ils auraient dû me refuser comme l’autre famille. Qu’elle savait que j’étais sorcier. Et si personne ne m’écoute, je créerai un autre dégât dans la maison », raconte Nathan, les yeux baissés.
Après cette scène, les problèmes avec ses proches s’aggravent jusqu’au jour où il est chassé de la maison. Mais ça, il ne me l’a pas raconté…
Encadreuse : Diane Mvunda
Pona Bana, qui signifie « pour les enfants » en lingala, est le blog des jeunes en République Démocratique du Congo. Lieu d’échange et d’information, Pona Bana est également un instrument pour encourager la participation des enfants.
