Dans la province du Kongo Central, j’ai rencontré certains élèves qui doivent, chaque jour, parcourir 22 km ou plus pour aller à l’école. 11 km à l’aller et 11 autres au retour. Et pourtant, ce ne sont pas des athlètes, juste des élèves qui veulent étudier.
Je m’appelle Félicité Diabanza. Je suis enfant reporter de Matadi. J’ai rencontré Christine sur le chemin de l’école. La jeune fille a 11 ans et habite à Vivi. Ce village est la première capitale de la RDC et se trouve de l’autre côté de la rive du fleuve Congo.
Avant la fin de l’année scolaire 2021, je me promenais avec mon père de l’autre côté de la rive du fleuve Congo en passant par le pont Maréchal sur la route Nationale N 1 Matadi-Boma.
A ma grande surprise, j’ai aperçu quelques élèves en uniforme qui allaient à l’école. Chose étonnante, il y avait là des enfants d’à peine 6 et 7 ans qui partaient aussi à l’école. Certains élèves plus âgés portaient les plus jeunes, fatigués par des longues heures de marche. En fait, 21 km c’est l’équivalent de la distance que coure un athlète en semi-marathon. C’est beaucoup pour un enfant.
Pourquoi cette souffrance pour ce qui est un droit ?
Je pose la question à Christine pour savoir pourquoi elle doit parcourir cette longue distance pour aller à l’école.
« L’école de notre village a été fermée par manque d’effectif d’enfant et des enseignants. Il nous arrive d’avoir un enseignant pour 3 classes de primaire. Souvent ces enseignants réclament leurs arriérés de salaires. Avec l’entrée en vigueur de la gratuité de l’enseignement, les enseignants ne touchaient plus leur prime que l’école leur donnait. Un jour, notre école a été fermée. En plus, elle n’avait pas non plus d’infrastructure alors que nous habitons la première capitale de la RDC », se plaint Christine. Depuis, elle est obligée de faire chaque jour un semi chaque jour.
Sur la route, les enfants sont aussi exposés aux accidents de la circulation. Christine raconte qu’un enfant est mort un jour, écrasé par un véhicule.
Pendant la saison des pluies, ils sont également obligés de retourner dans leur village sous la pluie avec tous les risques de traverser les rivières le long de la route.
Avons-nous tous les mêmes droits ?
Cette situation a suscité en moi beaucoup de questions. Mes frères et moi avons constaté que les droits de l’enfant ne sont respectés qu’en partie dans les grandes villes et agglomérations. Et pourtant, dans les villages, les enfants subissent des injustices qui ne sont pas dénoncées.
Voir des élèves parcourir plus de 20 kilomètres juste pour avoir accès à l’éducation est une situation inacceptable dans ma province. Pourtant, nous avons mené des plaidoyers auprès des autorités provinciales concernant le respect du droit de l’enfant à l’éducation. Un droit garanti dans la convention internationale relative aux droits de l’enfant en son article 28.
Encadreur: Ange Lumpuvika