En Janvier 2021, la fermeture des écoles en RDC a poussé les enfants à s’occuper autrement. Ils ont passé plus de temps devant le téléphone et la télévision. Ces deux technologies sont devenues incontournables chez les jeunes comme principale distraction. Avec mes amis Enfant Reporter, nous sommes allés à la rencontre de quelques parents et enfants pour comprendre, comment ces habitudes sont vécues dans les foyers.
Toutes les écoles en République démocratique du Congo sont restées fermées entre décembre 2020 à janvier 2021, sur décision du gouvernement à cause de la pandémie de COVID-19. Les enfants étaient obligés de rester à la maison. Ils ont passé la plupart de leur temps devant la télé ou sur leurs téléphones.
Dans la commune de Lingwala, une commune située au nord de la ville de Kinshasa et très fréquenté, nous avons rencontré quelques parents et des enfants.
Qu’ont-ils suivi à la télévision pendant cette période ?
Nous avons posé aux parents la question de savoir s’ils sont informés des programmes que leurs enfants suivent à la télé ?
La plupart des parents interrogés disent ne pas être regardant sur les programmes que leurs enfants suivent à la télé. Les parents confient aussi qu’ils ne limitent pas forcément le nombre d’heures que les enfants passent devant les écrans pendant le confinement. «Je sors pour aller vendre toute la journée et je laisse les enfants à la maison. Je ne sais pas ce qu’ils suivent à la télé quand je ne suis pas là», nous a dit une maman maraîchère.
Les parents affirment également qu’à leur retour à la maison, les enfants ne leur disent pas forcément tout ce qu’ils ont regardé à la télé et sur leurs téléphones. Les parents ne leur posent pas non plus forcément la question.
Certains parents ont affirmé par contre que les programmes qui passaient à la télé à leur époque étaient très différents des programmes qui passent actuellement. « Aujourd’hui à la télé, on fait passer des films à caractère pornographique en pleine journée. À notre époque, dès que l’on dit enfant non admis, tous les enfants quittent la télé», a assuré avec nostalgie une mère de famille.
Les garçons et les filles ne regardent pas les mêmes programmes
En interrogeant les enfants, nous avons remarqué que les filles et les garçons ne regardent pas toujours les mêmes programmes. Ils avouent passer plus de cinq heures par jour devant leurs télés et leurs téléphones.
Les jeunes que nous avons interrogés ont tous moins de 16 ans et disent même avoir des petits frères et petites sœurs entre huit et douze ans qui regardent des programmes interdits aux personnes de leur âge.
«Généralement, ils suivent des mangas que certains peuvent qualifier de violent», a avoué le grand frère d’un garçon de 8 ans.
«Si j’interdis de suivre un programme, cela devient un peu compliqué parce que mes petits sont fans des mangas. Le programme idéal serait des dessins animés comme le petit Oubongo, Kirikou ou Dora, qui aujourd’hui sont très rares, mais pourtant idéals. Surtout pour les enfants qui sont encore aux primaires», ajoute le grand frère.
Les petits garçons disent aussi qu’ils aiment bien jouer aux jeux vidéo. Sauf que la plupart de ces jeux sont déconseillés aux personnes de leur âge. Cela n’est pas un problème pour eux. Ils trouvent normal de copier sur leurs grands frères ou grandes sœurs qui ont l’habitude de s’amuser avec ce genre de jeux. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît depuis 2018, l’addiction aux jeux vidéo comme une maladie.
Du côté des petites filles, elles disent être plus accros aux dessins animés. Mais quand leurs grands frères ou grandes sœurs suivent certains programmes qui ne sont pas déconseillés au tout petit, eux aussi viennent regarder. Même quand il y a des scènes de violence extrême ou des scènes « érotiques », ces petits enfants y sont exposés. Franchement, je pense que même quelqu’un qui n’est pas un psychologue de profession peut facilement deviner que cela a un impact sur le mental des enfants.
Et sur la question du téléphone… j’estime que les jeunes passent extrêmement trop de temps devant ces petits appareils de communication.
Pendant que leurs parents dorment la nuit, certains enfants peuvent rester éveillés jusqu’à deux ou trois heures du matin et sont incapables d’être en forme le lendemain. Le pire est que c’est comme ça tous les jours. Même quand il n’y avait pas le fameux confinement, les enfants passaient toujours autant de temps devant leurs écrans.
Cette descente sur terrain nous a révélé les difficultés qu’ont les parents pour suivre l’activité des enfants sur leurs téléphones et ce qu’ils suivent à la télé. Les enfants sont donc facilement exposés à des contenus violents ou pornographiques qui ne sont pas adaptés à leur âge. Il est donc temps que chacun des acteurs : les médias traditionnels et en ligne, le conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, le ministre de la communication et les parents prennent les mesures qui s’imposent pour que les enfants aient accès à des contenus éducatifs et adaptés à leur âge.
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