Ketsia Peme Bakole, 11 ans, est enfant reporter à Kinshasa.

« Avant d’avoir un robinet dans mon école, on devait acheter de l’eau ou en ramener de la maison dans des gourdes. Parfois, les élèves passaient toute une journée sans boire de l’eau si on n’a pas d’argent pour acheter de l’eau. Et personne ne voulait dépenser de l’argent pour acheter de l’eau ou pour se laver les mains », se souvient Dona Baningela, 9 ans, élève en 4ème année primaire au collège Saint Laurent, dans la commune de N’sele à Kinshasa.

Je m’appelle Ketsia Peme Bakole, j’ai 11 ans, je suis élève à l’école Saint Laurent, et brigadier général de mon école. En fait, je suis la cheffe de tous les brigadiers de l’école.
En fait, je me souviens très bien de ce que raconte Dona. Mais aujourd’hui, la situation a changé dans mon école. Les élèves peuvent avoir de l’eau depuis que nous avons des robinets, des toilettes et un grand puit à ordure.
Ces ouvrages d’eaux, d’hygiène et d’assainissement, ont aussi changé la vie des élèves dans les écoles environnantes. Je suis contente de mon travail comme cheffe des brigadiers dans mon école. Je veille à ce que les différentes informations et problèmes sur l’environnement de mon école arrivent aux oreilles des responsables. En plus, je veille à ce que chacun fasse son travail. Je ne savais pas que mon travail pouvait changer la vie de mes collègues. Tous ensemble, nous profitons des changements et des améliorations dans mon école.

Nous pouvons avoir de l’eau dans mon école (@ponabana)

L’eau était un luxe 

Avant l’installation des robinets dans mon école, on ne se lavait pas les mains avant de manger. On était tellement habitué à avoir les mains sales et on tombait souvent malade, des maladies de mans sales. Sur le plan de l’hygiène, ce n’était pas bien. Mais on n’avait pas d’autres choix.
Si on voulait avoir les mains propres, il fallait dépenser de l’argent et acheter de l’eau pour se laver les mains. Et comme on n’avait pas beaucoup d’argent, on n’achetait pas de l’eau que pour boire. Se laver les mains, c’était un luxe qu’on ne pouvait pas se permettre.
Du coup, on avait les mains sales. On mangeait après avoir joué dans le sable ou après avoir été aux toilettes. On ne se souciait même pas des maladies qu’on pouvait attraper à cause des mains sales.

Mon école est désormais assainie

Le projet école assainie avec l’UNICEF Belgique est passé par notre école. Du coup, on nous a installé des robinets. Le jour de l’installation de robinets, les élèves ne pensaient vraiment pas qu’on allait avoir de l’eau. Je crois que les professeurs et les élèves avaient tous peur que le robinet ne fonctionne pas. Il a pourtant marché. Je ne vous dis pas la joie qu’on a tous ressenti. C’était tout un événement.

Ketsia a maintenant de l’eau dans son école (@ ponabana)

Aujourd’hui, on peut boire de l’eau propre et se laver les mains à volonté. Et chaque élève a inclus le lavage des mains dans sa routine. L’eau n’est plus un luxe. Après les jeux, avant de manger, en sortant des toilettes nous allons aux robinets pour nous laver les mains.
Aujourd’hui, avant de me laver les mains, je cherche du savon ou de la cendre que j’applique sur mes mains. J’ai même appris comment mieux laver les mains. Nous avons appris les bons gestes pour mieux se laver les mains en respectant les règles d’hygiène.
Je suis contente d’avoir accès à l’eau dans mon école maintenant. Nous ne sommes plus obligés d’avoir les mains sales toute la journée. En plus, on ne dépense plus de l’argent pour acheter de l’eau. Nous faisons un peu d’économies.
Ce qui encore un peu triste est que les élèves d’autres écoles nous envient. Je pense que dans mon école, certains élèves n’ont plus autant mal au ventre qu’avant. Je pense aussi que d’autres enfants devraient avoir la même chance que ceux de mon école, avoir accès à l’eau. Il y aurait moins d’enfants malades à l’école. Il faudrait rendre l’eau accessible aux élèves. L’eau ne doit pas être un luxe dans les écoles et dans la vie, tout simplement.