Voici l’histoire de Shukuru, une jeune fille de 13 ans et élève en 4e année primaire. Victime de discrimination, elle n’a pas pu commencer l’école à l’âge de 6 ans comme ses frères. Son histoire m’a beaucoup touché.
Née d’une famille nombreuse, sœur unique de cinq frères
A Bunia, en Province de l’Ituri, réside une famille de six enfants dont Shukuru est la seule fille. Pour elle, être née fille est un sujet de discrimination et de sous-estimation.
« A 6 ans, je voulais débuter l’école comme mes frères. Mes parents ont dit que comme je suis leur unique fille, je devrais passer plus de temps auprès de ma mère parce que les filles sont faites pour le ménage. Mon petit frère, Trésor, a été inscrit à l’école maternelle à 4 ans ! Un jour, j’ai demandé à mon père pourquoi je ne pouvais pas étudier. Il ne m’a pas répondu, mais ma mère m’a dit : ‘’Tu es une fille et tu finiras par te marier un jour pour fonder ton foyer. Et pour cela, tu n’as pas besoin d’aller à l’école’’. Maman a poursuivi en soulignant qu’on devait donner la priorité à mes frères car ils devaient prendre la responsabilité de la famille. »
Débuter l’école primaire à 10 ans !
Finalement, Shukuru a débuté sa première année primaire à l’âge de 10 ans. Aujourd’hui, elle a 13 ans et regrette de ne pas avoir commencé plus tôt.
« Si beaucoup d’enfants de mon âge sont en 1e année secondaire, moi je suis encore en 4e primaire à cause de mes parents. Mes camarades de classe me taquinent que je suis la vieille de la classe. Le temps perdu est irrécupérable ; mes parents m’ont rendu un mauvais service » dit-elle, avec un ton encombré des pleurs.
La discrimination des filles jusqu’à l’école
La discrimination se poursuit à l’école aussi. Shukuru raconte : « Un mois après la rentrée scolaire, l’école a organisé les élections des doyens de classes. Je me suis portée candidate. Mais ce sont seulement les filles qui ont voté pour moi : les garçons ont dit qu’une fille ne peut pas les diriger ».
Par ailleurs, Shukuru est submergée par les travaux ménagers au détriment de ses études. Aller puiser de l’eau, préparer la nourriture, lessiver, entretenir la maison, aller au marché, etc. restent son pain quotidien.
Oui pour l’égalité des droits entre filles et garçons
Il y a longtemps que nos sœurs subissent tous genre de souffrances liées au genre. Mais les filles ne sont pas faites que pour aller puiser de l’eau ! L’article 2 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant souligne la non-discrimination entre les enfants. De plus, l’article 5 de la Loi portant Protection de l’Enfant stipule que « tout acte discriminatoire à l’égard des enfants est interdit ».
Nous, Enfants Reporters, dénonçons la discrimination dont sont victimes les filles dans notre pays, nos écoles et nos familles respectives. Les filles peuvent mieux qu’aller puiser de l’eau !
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Publié initialement en décembre 2017