Jacques Kisimba est enfant reporter de la ville de Kalemie, dans la province du Tanganyika.

L’eau qui stagne dans les rues de Kalemie est utilisée pour les travaux ménagers, la lessive, la vaisselle, la toilette etc.. Mais aussi pour la boisson. Cette eau n’est pas du tout potable. Chaque matin, je suis obligé de me lever vers 4h du matin pour trouver de l’eau. Mais quelle eau!

 

Trouver de l’eau potable est un luxe à Kalemie, dans la province du Tanganyika. Au quotidien, pas mal, des gens consomment de l’eau du lac qui porte le nom de la province. La majorité se rend au lac Tanganyika pour s’approvisionner d’ailleurs. 

Dans mon quartier par exemple, cela fait plus de trois mois que l’eau ne coule plus des robinets. Cette situation paraît normale lorsqu’on sait que dans certains quartiers, ils n’ont jamais vu l’eau couler dans les robinets. Cela donne l’impression que les robinets sont juste là pour la décoration, quoi.

Du coup, beaucoup d’enfants vont tôt le matin au lac pour se laver, faire la vaisselle et la lessive avant d’aller à l’école. C’est vraiment une torture pour moi. Oui, je suis dans la même situation que les autres gosses de mon quartier. Je m’appelle Jacques et je suis enfant reporter à Kalemie. 

Sur l’avenue Kabange par exemple, mon avenue, quelques familles ont creusé des puits devant ou dans leurs parcelles pour ne pas dépendre de la Regideso, société nationale congolaise qui fournit de l’eau. Ils ont raison d’ailleurs, autant s’en passer. 

 

Les adultes mais aussi les enfants, tous cherchent de l’eau

 

Tout comme le reste de la population, les enfants aussi s’y mettent. Puiser de l’eau pour ne pas en manquer à la maison. Problème ! Bien souvent, l’eau est colorée et contient parfois des vers et d’autres insectes. Lorsqu’il n’y a rien, autant se contenter du peu. Il faut alors attendre quelques heures avant de consommer cette eau. Une stratégie qui aide psychologiquement, on se dit que la saleté va traîner au fond du récipient.  

 » En route, nous sommes nombreux à y aller chercher de l’eau avec beaucoup de filles, d’ailleurs. C’est vraiment pénible », m’explique un enfant.

 » Après avoir fini de puiser de l’eau, je dois faire les ménages et après, je vais à l’école », me raconte cette fille.

Elle ajoute qu’elle arrive en retard à l’école lorsqu’il n’y a plus assez d’eau dans les puits. les élèves qui arrivent en retard sont punis. 

Les enfants exposés à l’insécurité et aux maladies, c’est un fait

 

Lorsque les enfants sortent très tôt des maisons pour aller chercher de l’eau de puits, ou au lac, il ne fait pas encore jour. Ils sont exposés à plusieurs dangers liés à l’insécurité et aux risques d’enlèvements.

Les filles sont en plus exposées au risque de viol. La mauvaise qualité de l’eau que les enfants consomment les expose à plusieurs maladies.

L’eau stagnante est parfois utilisée pour les besoins des ménages à Kalemie (@ponabana)

 

 

J’ai contacté un medecin pour en savoir plus 

« L’eau qu’on consomme à Kalemie peut provoquer beaucoup de maladies hydriques notamment, fièvre typhoïdes, dysenterie, diarrhée… », affirme M. Ricky Okito, infirmier titulaire dans le centre de santé Riziki à Kalémie.

La consommation d’une eau potable demeure un défi majeur, beaucoup d’enfants meurent suite au manque de consommation d’eau potable.

Selon le rapport de l’OMS 2017, « la diarrhée tue 525 000 enfants âgés de moins de 5 ans chaque année ».
Le gouvernement tant national que provincial est appelé à conjuguer des efforts pour améliorer la qualité de l’eau de consommation pour prévenir les maladies auprès des enfants, leur avenir en dépend.