Esther Tshibola, 14 ans, est enfant reporter de Kinshasa. Elle est parmi les jeunes formés en avril 2024.

Caleb a 10 ans et vit dans la commune de Bandalungwa, une des communes mouvementées de la ville de Kinshasa. Un matin, sa vie bascule. Le sort s’acharne sur lui.

 

Caleb perd successivement ses deux parents. Son monde s’effondre et tout s’écroule. Le garçon, subitement devenu orphelin, est perdu.
Qui va subvenir à ses besoins ? Les parents qui devraient le faire ne sont plus en vie.
Je m’appelle Esther Tshibola. J’ai 14 ans et je suis enfant reporter de la ville province de Kinshasa. J’étudie au collège « Le grain de Sénevé ».

Caleb vit dans la rue. Et c’est là que je l’ai rencontré. J’essaie de comprendre comment est-il arrivé dans la rue après la mort de ses parents ? N’a-t-il pas de la famille qui pourrait l’accueillir ? Il n’y a pas des tantes, des oncles ou des grands-parents qui peuvent prendre soin de cet enfant ?

Alors, Caleb me raconte son histoire. Après la mort de ses parents, les frères de son père sont venus prendre les biens de la maison et l’ont abandonné à son triste sort. Personne n’a voulu entendre parler de lui. L’enfant est accusé d’avoir tué ses parents par la sorcellerie. Comment ? Personne ne sait. Personne ne le dit. Pourquoi ? Là encore, personne ne le dit.

Je me pose encore des questions. Comment peut-on récupérer les biens de son frère et abandonner son enfant ? En plus, du traumatisme de perdre ses parents, l’enfant est accusé d’avoir tué ses parents. Je ne comprends pas. Je suis dépitée et mon cœur saigne pour cet enfant.

Le bonheur, un sourire, un regard

Caleb n’est pas seul dans la rue. Il a rencontré d’autres enfants qui sont devenus comme sa famille. C’est avec eux qu’il supporte la dureté de la vie. Ils sont sales et n’ont pas des vêtements de rechange. Ces enfants dorment dehors et doivent supporter les intempéries. Pour manger, ils mendient ou font des petits travaux. Certains enfants volent.

Je peux lire de la souffrance sur le visage de Cale. Il ne ressemble pas à un enfant de son âge. Il a des cicatrices sur les bras et sur les jambes. Je n’ai pas voulu lui poser la question sur l’origine des cicatrices. C’est trop douloureux. Aucun enfant ne devrait vivre ainsi.

Rencontrer Caleb m’a bouleversé et à changer mon regard sur certains enfants de la rue. L’histoire de cet enfant m’a fait comprendre que derrière chaque enfant dans la rue, il y a une histoire, probablement un drame familial. Je compatis à la situation de Caleb. Parfois, ces enfants ont juste besoin d’une petite attention, un petit sourire fait du bien.

Comme le disait l’artiste musicien Lokua Kanza dans sa chanson Le Bonheur.
« De fois le bonheur,
Il suffit d’une phrase,
D’un mot, oui le bonheur
Juste un sourire, un regard.
L’histoire de Caleb peut faire qu’aujourd’hui qui puisse regarderez différemment les enfants qui vivent dans la rue.

 

Encadreure : Diane Mvunda