Délice Wamusonia est encadreur des enfants reporters à Bunia, province de l'Ituri.

Je m’appelle Délice Wamusonia, encadreur des enfants reportes à Bunia, dans la province de l’Ituri. Je suis aussi jeune reporter. Dans le cadre de mon travail, je me suis rendu à Komanda, un centre commercial situé dans le territoire d’Irumu, à 75 km de la ville de Bunia. Durant mon séjour, j’ai rencontré des enfants à bord d’un camion qui évacue des immondices du marché central de Komanda.

 

 

Lorsque je me renseigne, on me dit que ces enfants sont utilisés dans le ramassage de déchets dans ce marché ainsi que de l’évacuation des immondices. C’est dommage. Lorsque j’ai bien observé les enfants, j’ai remarqué que le plus âgé n’avait que14 ans.

 

Pour en avoir le cœur net, j’ai discuté avec Mugisa 12 ans, Moïse 13 ans et Ngabu 14 ans.
« Nous travaillons chaque jour dans ce marché pour évacuer les déchets et immondices. Ce n’est pas facile. Et comme il n’y a pas de tri ici, les déchets sont tous mélangés. C’est horrible car cela dégage des odeurs nauséabondes. Nous sommes obligés de les évacuer par camion, pour ensuite aller les décharger dans la brousse, un peu plus loin. Le service du marché chargé de l’assainissement du marché ne nous donne pas de gants, encore moins de masques, pour mieux nous équiper et nous aider à bien travailler. Du coup, nous devons nous débrouiller autrement. Nous ne sommes pas protégés», m’ont-ils confié.

 

 

Un enfant veut reprendre l’école

Chaque éboueur reçoit 1500Fc par jour.
Moïse et Ngabu ont abandonné les études par manque de moyens. Mugisa par contre espère retourner à l’école pour apprendre à conduire et enfin réaliser son rêve de grand chauffeur. C’est le plus jeune du groupe.
« Je veux être chauffeur de grands camions. Pour accomplir ce rêve, je dois retourner à l’école pour suivre une formation en mécanique. Malheureusement, ici il n’y a pas d’école technique où je peux apprendre la mécanique », regrette Mugisa.

En fait, la situation de ces trois enfants m’a touché. La loi congolaise interdit les pires formes de travail des enfants. Par sa nature, le travail d’éboueur ne favorise pas le bon développement de ces enfants.
Et pourtant, ils travaillent avec d’autres enfants comme eux.

Les enfants ne doivent pas être utilisés pour ce genre de service.

 

 

La loi interdit les pires formes de travail des enfants

L’ article 53 de la Loi portant protection de l’enfant, au point f, estime que les pires formes de travail des enfants sont « les travaux qui, par leur nature et les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la croissance, à la sécurité, à l’épanouissement, à la dignité ou à la moralité de l’enfant ».

Et l’article 54 de la même loi précise que « l’enfant âgé de seize à moins de dix-huit ans ne peut être engagé ni maintenu en service que pour l’exécution des travaux légers et salubres,…».

En fait, la loi congolaise autorise les enfants de 16 ans et moins de 18 ans à travailler, à condition que les tâches à accomplir soient sains et salubres.

Aucun des enfants que j’ai rencontrés n’a 16 ans. En plus, ils sont utilisés pour évacuer les immondices. C’est n’est pas normal, car ce travail les expose à plusieurs maladies.

Quelque chose doit être fait urgemment pour interdire ce service du marché de Komanda d’utiliser des enfants pour gérer les immondices.

Je demande à l’Administrateur du Territoire d’Irumu de prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la santé et l’avenir de ces enfants.

 

 

Encadreur: Délice Wamusonia