Joël  Kasongo, est enfant reporter de Kipushi, dans le Haut-Katanga. 

Je m’appelle Joël Kasongo, enfant reporter de Kipushi, dans la province province du Haut-Katanga. Sur le site minier de Kyamupini à 6 km de Kipushi, on exploite de l’or. C’est dans ces carrières que les enfants vendent du whisky aux adultes, au vu et au su de tous. J’étais intrigué d’autant plus qu’ils sont mineurs. D’où la question de savoir s’il est permis aux enfants de vendre des liqueurs fortes, à plus forte raison dans une carrière de mines ?

Pourquoi et pour qui ces enfants vendent-ils ces boissons alcoolisées ?

Les enfants qui vendent le whisky sont nombreux sur le site minier de Kyamupini. Reagan, 11 ans, en fait partie. J’ai voulu savoir pour qui et pourquoi il vendait le whisky : « Mes parents travaillent dans la carrière minière. Chaque jour ils me laissent la responsabilité de vendre la marchandise. Je les aide parce qu’ils ne peuvent pas faire les deux à la fois. » Reagan assure la vente des produits du commerce de ses parents. Il n’est donc pas scolarisé.

L’influence de la vente d’alcool sur les enfants et sur leur comportement

Tout ce que l’enfant voit, vit ou fait, l’influence soit positivement soit négativement. Pour ma part, laisser un enfant vendre du whisky est inconcevable. Cela pourrait avoir des répercussions sur sa vie. Dans cette activité, il voit les adultes autour de lui s’enivrer. Il risque de croire que cette situation est normale et peut la reproduire dans sa propre vie. On est souvent le produit de ce qu’on a vécu dans son milieu social.

Que dit la loi à ce sujet ?

L’article 53, point (d) de la loi N° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en République Démocratique du Congo condamne l’utilisation de l’enfant pour le trafic de stupéfiants qu’elle considère comme l’une des pires formes de travail : « Les pires formes de travail des enfants sont interdites. Sont considérées comme pires formes de travail des enfants : l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites, notamment pour la production et le trafic des stupéfiants. » Certains parents oublient cette disposition de la loi et emploient leurs enfants à la vente de boissons fortement alcoolisés, sur des sites miniers, ou encore dans des débits de boissons.

Je demande aux autorités de mener des enquêtes et sanctionner les récalcitrants. Aux comités d’enfants de mener une campagne de sensibilisation pour que les enfants vendeurs du whisky cessent cette activité et retournent à l’école.