Grâce Tshitenge est en 8 ème. Il est enfant reporter à Kinshasa.

Pourquoi je veux défendre les femmes violées ? Je m’appelle Grâce Tshitenge et je suis en 8 ème année. Je suis enfant reporter de Kinshasa. Mon envie de défendre les femmes est née après la mort de mon amie. Elle est morte de suite d’un viol. Cela m’a tellement fait mal.

 

 

J’ai beaucoup pleuré. En fait, on était assez proche. Quelque temps avant sa mort, mon amie m’avait raconté son histoire et le calvaire qu’elle vivait.

Vous savez déjà qu’il n’est pas facile pour un enfant de parler de viol, un sujet sensible, délicat et intime. Petite, mon amie habite chez son oncle. Lorsqu’elle vient à l’école, je peux voir à l’expression de son visage qu’elle est malheureuse. Par curiosité, je m’intéresse à elle. Par la suite, on commence à se parler. Alors, mon amie, je vais l’appeler Marie. Aujourd’hui, je parle encore d’elle au présent parce que je sens qu’elle est toujours en vie.

J’ai modifié son prénom.

 

Au début, Marie n’arrive pas à me parler. Elle ne me fait pas suffisamment confiance. Je remarque qu’elle est souvent à l’écart. Et quand je lui demande pourquoi elle est souvent en retrait, Marie ne me répond pas. Un jour, elle pleure lorsqu’elle arrive à l’école. Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Je la réconforte. Quand elle se calme, je cherche à savoir ce qui ne va pas.

 

Un enfant réduit au silence ? 

 

En fait, Marie me raconte qu’elle vit avec son oncle paternel. Elle n’a pas d’autres choix que celui-là. Et ses parents ne sont pas souvent à la maison. Elle reste souvent avec cet oncle.

Chez son oncle, elle a une vie difficile. Son oncle la viole régulièrement lorsque ses parents sont absents. La fille a la gorge serrée et au bord des larmes quand elle me parle. Marie n’arrive plus à vivre avec ce fardeau. Elle ne sait pas comment en parler à ses parents.

Lorsqu’elle me raconte ce qu’elle vit en détail, je ne sais pas retenir mes larmes. Je pleure en l’écoutant. C’est atroce.

 

Je me demande comment elle vit avec ce poids ? C’est dur et lourd à porter. Mais je ne comprends pas pourquoi elle doit, non seulement subir cette violence, mais aussi se taire. Je l’encourage donc à en parler à ses parents. Je lui dis qu’il vaut mieux rester seule à la maison, avec des parents absents, plutôt que de vivre dans une maison avec son violeur.

 

Marie craint aussi quelque part la réaction de ses parents. Elle ne sait pas si son père va la croire. Au bout du compte, elle accepte finalement d’en parler à ses parents. Elle promet de me donner des nouvelles.

Deux jours après, elle arrive soulagée à l’école. Marie me dit qu’après avoir parlé à ses parents, son père a décidé de partir avec elle à la maison et de porter plainte contre son oncle paternel, violeur. Elle est soulagée et rassurée. Elle sait maintenant que son bourreau ne va plus la violer.

 

 

Je veux défendre les femmes violées

 

Quelques jours après notre échange, Marie m’annonce que son oncle est arrêté. Malheureusement, sa paix ne sera que de courte durée. Son oncle est libéré rapidement. Lorsque mon amie l’apprend, elle est abattue, effondrée. L’enfant sait qu’elle ne peut pas vivre en sécurité. Elle sait que son oncle peut facilement l’atteindre. Elle craint de le rencontrer.

 

Petit à petit, Marie commence à maigrir. Un matin, j’apprends qu’elle a piqué une crise. Marie est morte après. J’ai mal. Mon amie est morte et je suis inconsolable.

 

Depuis ce jour, je ne rêve que d’une chose : devenir avocat. Devenir avocat pour défendre les filles et les femmes victimes de viols. Je veux honorer la mémoire de mon amie. Je vais me spécialiser sur les questions de violences sexuelles. En fait, je veux briser le silence sur les violences sexuelles et m’assurer que les auteurs de viols soient réellement punis pour leurs crimes.

 

L’oncle violeur est toujours vivant. La vie de mon amie s’est arrêtée, alors qu’elle avait tout son avenir devant elle. Des rêves brisés par un violeur, arrêté et libéré. Dommage.

Je veux rendre hommage à la mémoire de Marie, mon amie.

 

 

Encadreur : Jedidia Kupa