Quel est l’impact du conflit armé sur les enfants du nord-est de la RDC ? Pour Zawadi, Job et les autres enfants et adolescents du Sud-Irumu, la peur des groupes armés est quotidienne. Sur la route de l’école, tout peu basculer. Enrôlement, violences, viols… Découvrez leur vécu, relayez leur appel à la paix.
Comprendre l’impact du conflit armé sur les enfants
Les conflits armés dans la province de l’Ituri, au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), datent de plus d’une décennie déjà. La guerre n’est pas permanente mais la persistance de certains groupes armés blesse les droits des enfants. Le recrutement et l’utilisation des enfants par les groupes armés et autres violations graves des droits de l’Enfant dans les conflits armés sont toujours d’actualité.
Dans cet article, je vous partage la vie de deux adolescents : Zawadi, 15 ans et Job 16 ans, respectivement en 2e et 4e année d’humanités. Je les ai rencontrés dans le Sud-Irumu à l’occasion d’une séance de sensibilisation dans la région organisée par la section protection de l’Enfant de la MONUSCO /Ituri. Précisément à Bukiringi, village situé a environ 90 km au sud de la ville de Bunia, dans la chefferie de Walendu Bindi.
Grandir dans la peur
Zawadi et Job n’ont jamais été « enfants associés au groupe armé », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fait partie des recrues d’un groupe armé, comme combattant, aide ou autre. Mais le fait qu’il y ait un groupe armé actif dans la région, à l’instar du FRPI (Force de Resistance Patriotique de l’Ituri), a fait de leur vie au quotidien un danger permanent.
« Nous sommes peu nombreux qui partons à l’école, la crainte d’être enlevés par les miliciens nous accompagne à chaque instant » a déclaré Job d’un ton vibrant devant le chef du groupement de l’entité, le responsable de la FARDC et de la MONUSCO ainsi que d’autres enfants présents à la cérémonie.
L’école et le crépitement des balles
Les écoles sont la cible des miliciens lorsqu’ils ont besoin de recruter de nouveaux enfants dans leur rang. Beaucoup d’enfants sont enlevés pour être utilisés dans le groupe armé quand ils sont à l’école, qu’ils y partent ou en rentrent.
« Il y a des jours où vous suivez très bien le cours en classe. Mais le crépitement de balles ça et là vous limite l’espoir de finir un jour normalement les études. Nous avons souvent très peur de ce qui peut surgir. » renchérit Job.
La terrible angoisse des jeunes filles
Les viols et violences sexuelles à l’égard des jeunes filles sont monnaie courante dans la région. Zawadi nous confie son inquiétude : « nous les jeunes filles sommes trop souvent victimes des viols et violences sexuelles des miliciens. » Des violences sexuelles devenues trop courantes : « Malheureusement quelques jeunes garçons font comme les miliciens. » explique la jeune fille émue. Avec une tristesse qu’on peut lire sur son visage, elle souligne : « nous sommes déshonorées, nous n’avons plus de valeur après avoir été violées, c’est vraiment horrible ! »
Si le mariage des enfants semble être en baisse grâce aux multiples sensibilisations, les viols et violences sexuelles qui prennent une nouvelle tournure dans cette région du pays.
Après le témoignage poignant de Zawadi, d’autres membres de la communauté locale se sont confiés. Plusieurs jeunes filles enlevées par les miliciens sont exploitées sexuellement, utilisées de force comme concubines. Grâce aux efforts de l’UNICEF et de la MONUSCO, les enfants sont séparés du groupe armé FRPI.
Zawadi prend la parole pour les jeunes filles victime du groupe armé
La marginalisation des jeunes filles séparées du groupe armé dans leur communauté fait mal à Zawadi : « On les traite de femmes des miliciens, on les accuse de porter leur bébé, on leur dit qu’elles ont été violées… » Devenues adultes, les garçons ne veulent plus les marier.
Zawadi poursuit : « quand les miliciens viennent piller, nous les jeunes filles et les femmes nous sommes violées. Le gouvernement doit faire quelque chose pour nous protéger. Nous ne pouvons plus partir au champs de peur d’être victimes. »
Face à l’impact du conflit armé sur les enfants, notre appel à la paix
Au Sud-Irumu, nous avons aussi échangé avec les leaders communautaires de la région, pour qu’ils contribuent à la séparation des enfants du groupe armé. D’après les FARDC, l’implication des leaders communautaires serait l’unique moyen durable pour que la paix règne dans la région et ainsi que les violations graves des droits de l’Enfant n’existent plus.
Job martèle : « Notre enfance n’a plus de sens. Nous terminons difficilement voire pas nos études suite à la pauvreté des parents. Nous mourons précocement, dans le groupe armé mais aussi dans la guerre. Nous les enfants du Sud-Irumu méritons mieux que ça ».
Au nom des enfants de la région, Job demande aux autorités du pays et leurs partenaires « d’agir d’une façon durable pour que les enfants voient tous leurs droits respectés ».
La paix n’a pas de prix ! Faisons connaitre la situation des enfants et jeunes du Sud Irumu. Revendiquons pacifiquement nos droits.
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En savoir plus sur l’impact du conflit armé sur les enfants en RDC
- Devenu voleur pour survivre – expérience de Mani, dans un groupe armé
- Une jeune fille anciennement associée aux groupes armés renaît grâce à la couture
- Le Groupe de Travail du Conseil de Sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé en visite en RDC !
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Enfant pas soldat
Merci aux coopérations suédoise (SIDA), américaine (USAID), canadienne (AMC), japonaise (JICA), néerlandaise, belge ainsi qu’à l’UNICEF France, l’Amade, UNICEF Allemagne et l’aide antérieure du CERF pour leur soutien aux programmes d’assistance aux enfants anciennement associés aux forces et groupes armés.
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Photo UNICEF RDC 2017 Ramazani
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Unicef doit renforcer leur plan de travail pour couvrir un grand nombre d’enfants Associé aux force et groupe armé dans l’Est de la RDC.
Le role de UEPNDDR ce quoi?
Je penses que la solution idéale est le rétablissement de la paix sur l’ensemble de territoire national.