C’est la journée internationale de la jeunesse. Et pour moi, c’est l’occasion de vous parler de mon parcours parsemé d’embûches, que j’estime pourtant précieuse. Enfant Reporter jusqu’en 2004, aujourd’hui je suis jeune reporter et encadreur des enfants reporters à Matadi, dans la Province du Kongo Central. En plus de cela, je suis aussi journaliste professionnel !

 

La Journée internationale de la jeunesse, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1999, est commémorée chaque année le 12 août afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes de la jeunesse et célébrer le potentiel des jeunes en tant que partenaires dans la société.

Né le 12 février 1986 à Kwilu-Ngongo, cité située à 180 km de Kinshasa dans la province du Kongo Central (ex. Bas Congo), je suis le deuxième garçon d’une famille de cinq enfants dont quatre garçons et une fille.

Après mes études primaires, j’ai obtenu mon baccalauréat dans la section commerciale et administrative en 2008, à l’âge de 22 ans. Ensuite, j’ai suivi quelques formations qui m’ont permis d’évoluer aujourd’hui dans le journalisme et le réseau UNICEF.

 

Accusé de sorcier suite à un songe

Ange Lumpivika, jeune reporter et encadreur des enfants à Matadi, 2021@ponabana

 

Cela ne s’est pas fait facilement. À l’âge de 15 ans, mon père a été licencié de la société où il travaillait. La vie économique et sociale de la famille était devenue très précaire, à tel point que j’ai été pris en charge par mon grand-père maternel.

Malheureusement, trois ans après, je suis accusé d’être sorcier après la mort de ce dernier en 2004. En fait, ceux qui m’accusaient étaient les autres membres de ma famille qui ne voulaient pas que je puisse hériter des biens de mon grand-père.

Je suis considéré comme enfant sorcier après un songe de la seconde femme de mon grand-père. Ma grand-mère était déjà décédée à cette époque. Pour la seconde femme de mon grand-père, j’étais un témoin gênant. Au décès de mon grand-père, elle a présenté un faux testament.

Et elle était sans ignorer que j’étais au courant du contenu du document. Pour m’écarter, elle a utilisé l’astuce de sorcellerie. Dans ma province, la sorcellerie est une accusation facile à faire accepter dans les familles en détresse. J’en étais, c’était officiel, selon elle.

 

Enfant de la rue malgré moi

 

Accusé d’être enfant sorcier, je suis chassé de la maison. C’est ainsi que je deviens, malgré moi, enfant de la rue ou « Shegue » et « enfant dit sorcier ». Dans la rue, j’ai vécu toutes les atrocités possibles; je sais c’est quoi être pris à partie, j’ai eu une idée de la violence, la chaleur, le froid, la pluie, les moustiques;

Mes parents, peinés par cette accusation, et malgré leurs difficultés financières, m’ont demandé de rentrer en famille. Ils n’étaient pourtant pas en mesure de supporter mes études.

Ce sont des personnes de bonne volonté qui me donnaient un peu de moyens pour financer ma scolarité. J’avais quitté mes parents à cause des difficultés financières. Malgré cela, je dois rentrer vivre avec eux.

 

Je suis confiant pour l’avenir.