Pona Bana, qui signifie « pour les enfants » en lingala, est le blog des jeunes en République Démocratique du Congo. Lieu d’échange et d’information, Pona Bana est également un instrument pour encourager la participation des enfants.

Je suis Tendresse Tambwe, enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut-Katanga. J’ai 16 ans. Lors de ma descente dans la carrière Safricas de kipushi, j’ai retrouvé beaucoup d’enfants en train de travailler, occupés à concasser de la pierre.

 

Casser des pierres pour en faire du gravier

Dans la carrière Safricas, plusieurs enfants concassent la pierre destinée à la construction. Parmi eux, il y a Job, un élève de 12 ans. Je l’ai trouvé assis sur une pierre, comme tous ceux qui étaient là.

Job travaille régulièrement dans cette carrière. Il explique pourquoi :  « après-midi après l’école, les samedis et dimanches, je travaille pour gagner de quoi payer mes frais scolaires ». Selon lui, concasser des pierres est pratiquement la seule activité rentable dans le territoire de Kipushi. C’est la carrière, où il travaille qui lui a permis de financer lui-même sa scolarité. C’est ce qu’affirment également nombre d’enfants qui travaillent à ses côtés. Mais le revenu est faible pour un travail si pénible : « Des fois, je gagne jusqu’à 6000 francs congolais (3 dollars américains), que j’utilise pour payer ma scolarité et pour aider mes parents ».

A quelques pas de lui, une petite fille de huit ans essaie de briser une pierre. Déformée par la pratique d’un dur labeur, elle en est restée courbée. Elle explique qu’elle travaille dans cette carrière avec sa mère, et y reste à travailler de 7 heures à 17 heures. 10 heures de travaux lourds.

 

Un travail éprouvant et dangereux

Les enfants de la carrière ont indiqué, qu’ils transportent de gros blocs de pierre, et travaillent à les concasser pendant de longues heures. Les accidents et les maladies respiratoires sont courants, selon Léon Mwipa, responsable de la carrière Safricas. La plupart sont provoqués par des projections de pierres ou des coups de marteau mal ajustés. Il explique qu’en cas d’accident, ils vont au centre médical du coin : « S’il y a un accident, on va au centre médical du coin lorsqu’on a assez d’argent ». Un enfant a connu un accident il y a quelques jours. Il a reçu un gros éclat de pierre à la tête alors qu’il le concassait.

 

 

Un choix cornélien

Pourquoi alors ne pas fermer l’accès de la carrière aux enfants ? Monsieur explique sa difficulté : « Difficile d’empêcher ça quand c’est la pauvreté qui pousse ces enfants à travailler dès leur plus jeune âge. Comment les empêcher de travailler sans offrir d’autres moyens de subsistance à leurs familles ? ».

Les écoliers ne travaillent à la carrière qu’après les cours ou pendant le week-end. Leur travail consiste essentiellement à concasser la pierre pour en faire du gravier destiné à la vente. Mais il y a aussi ceux qui n’étudient pas. Ceux-là travaillent parfois plus de huit heures par jour, six jours par semaine, voire sept.

 

Il y aurait entre 800 et 900 enfants dans différentes carrières de Kipushi, selon Léon Mwipa. C’est beaucoup trop.

 

 

 

 

 

Encadreur : Christian Maland