J’ai 12 ans et je suis enfant reporter de la ville province de Kinshasa. En fait, depuis petite, je vivais à Lubumbashi avec mes parents. Un jour, mes parents m’ont annoncé que je vais changer de ville pour aller à Kinshasa. Ils m’ont dit que c’est pour y continuer mes études.
En fait, à Kinshasa, j’arrive chez un oncle paternel au camp Kokolo. C’est quand j’arrive que le frère à mon père me dit que je ne peux pas rester chez lui. Il ne me donne pas plus de détails. L’oncle me propose d’aller vivre avec son fils dans la commune de Kinshasa. En fait, ce n’est pas vraiment une proposition parce qu’à ce moment-là, je n’ai pas le choix.
Chez mon cousin, un autre problème se pose. Sa femme ne veut pas de moi. Elle a un bébé de 7 mois. Pour elle, c’est suffisant. La femme de mon cousin ne veut pas d’une autre personne chez elle.
Comme mon oncle insiste, elle finit par accepter de me garder. Mais en fait, c’est le début de mon calvaire.
Je paye pour rester chez mon cousin
Et pourtant, même si je ne lui donne pas d’argent, j’ai l’impression de payer pour vivre chez mon cousin. À la maison, je n’ai pas mon mot à dire. Peu importe le sujet. La femme de mon cousin estime que m’héberger est déjà assez lourd. Je ne dois donc pas devenir une charge en plus. La règle, c’est de faire ce qu’on me demande. On dirait qu’aux yeux de la femme de mon cousin, je ne suis qu’un objet ou un instrument de travail. À cause d’elle, mes journées sont insupportables.
Le matin, je vais à l’école sans manger ni boire. Et après l’école, je dois rentrer vite pour faire la vaisselle et la lessive. Elle insiste sur le fait que les vêtements du bébé doivent être nettoyés chaque jour. Après la lessive, elle m’envoie au marché pour faire ses courses. À mon retour, je dois faire la cuisine. Et le soir, je dois servir son mari qui rentre souvent vers 21 h. La suite est connue. Les habits du bébé doivent être repassés. C’est fatigant.
Au début, je pensais pouvoir trouver du temps pour me reposer et étudier. Mais ma belle-sœur trouve toujours le moyen de m’en empêcher. J’ai l’impression de vivre dans une prison. Coincée entre les tâches ménagères et les courses au marché.
À partir de 18 heures, elle me donne des courses à faire hors de la maison. Je dois toujours aller acheter des mégas ou de la bouillie pour le bébé. Je sors même après 21 heures. Pourtant, avec toutes les histoires d’enlèvement et d’accident de circulation qu’on entend, aucun parent n’exposerait son enfant après une certaine heure à l’extérieur. Je pense à ma maman restée à Lubumbashi et je me sens triste. Comment peut-elle réagir si elle apprend tout ce que je vis à Kinshasa ? Je ne dis rien et j’encaisse.
Je suis trop occupée pour revoir mes notes
En quittant mes parents à Lubumbashi, je me suis dit que je venais construire un avenir. Étudier pour devenir “ quelqu’un” dans la vie. C’est aussi ce que m’a dit maman. Ce n’est que pour ça que j’ai accepté de partir.
Malheureusement, avec le rythme de vie chez mon cousin, je ne peux pas me concentrer sur mes études. En fait, je suis tellement fatiguée que j’ai du mal à revoir mes notes.
Et je ne suis plus concentrée en classe. J’ai promis à mes professeurs de faire plus d’efforts pour améliorer mes notes. Ils se sont rendus compte que je ne travaille pas bien. Mais la vérité est que c’est impossible. Je suis trop occupée pour revoir mes notes.
Mon cousin et sa femme ne parlent même pas de mes études. Pour la récréation, ils ne me donnent pas d’argent ni de nourriture. Pour manger, je dois élever les prix des choses lorsqu’on m’envoie acheter et les marchander pour avoir quelques restes d’argents. Ce n’est que comme ça que j’arrive à avoir 500 ou 1000 francs pour manger à l’école. Est-ce vraiment une vie pour un enfant? J’ai peur de craquer un jour et de tout raconter à mes parents. Pour l’instant, mes études sont sérieusement en danger. J’espère faire mieux cette année.
Encadreur : Nova Kwaya