Emilienne Yemopo est un Enfant Reporter de la ville de Kinshasa.

Je suis Emilienne Yemopo, j’ai 14 ans et je suis enfant reporter de la ville de Kinshasa, dans le district de Tshangu. J’étudie au collège notre Dame d’Afrique.

 

 

Un dealer qui utilise des enfants en situation de rue

Au quartier Mombele, réside Monsieur Albert. C’est ainsi que nous allons l’appeler. C’est un dealer de drogue. Il vend du « bombé », une drogue artisanale fabriquée à base de résidus de pots d’échappement. Un produit très prisé par les toxicomanes à Kinshasa.

 

Dans son « entreprise », ce monsieur utilise les enfants pour écouler sa marchandise. Comme dans un film, chaque enfant reçoit une quantité de drogue qu’il doit aller vendre.

 

 

Des proies faciles

Les enfants qu’il utilise vivent dans la rue. On les appelle communément « chégués ». Ils pullulent dans la ville de Kinshasa. Aux coins des rues, dans les marchés, ils errent çà et là pendant la journée, pour trouver de quoi se mettre sous la dent. Le soir venu, c’est sur des cartons ou à même le sol qu’ils se couchent.

La situation de ces enfants fait d’eux des proies faciles. La garantie d’avoir de quoi se mettre sous la dent à la fin de la journée, suffit à les motiver à faire n’importe quelle activité. Pour les filles, cela s’accompagne souvent de la prostitution.

 

Un enfant en situation de rue qui consomme de la drogue (@ponabana)

 

 

Des enfants à la merci de la drogue et du dealer

Il arrive qu’il y ait des affrontements entre enfants dealers pendant la vente de la marchandises. Chacun veut couvrir un plus grand territoire et ne permet pas aux autres de lui manquer de respect. Ils se blessent, parfois mortellement.

 

Pendant que les enfants s’activent pour écouler leur marchandise, Monsieur Albert attend tranquillement chez lui qu’on lui ramène l’argent le soir. Il s’enrichit sur le dos de ces pauvres enfants. Ils ne peuvent faire autrement. Même si c’est une activité pénible, mieux vaut continuer de vendre cette drogue et avoir de quoi manger à la fin de la journée, que d’y mettre un terme et dormir le ventre vide. D’ailleurs, certains d’entre eux consomment cette drogue et sont déjà accros. Arrêter est extrêmement difficile.

 

 

Mon appel

Je souhaite que les services de police et sécurité arrêtent Albert et ses complices, et les traduisent devant les tribunaux. Même si je suis convaincu que tant qu’il y aura des enfants dans la rue, sans éducation, sans toit familial, et sans protection, il y aura toujours des enfants qui seront exploités dans le commerce de drogue ou dans la prostitution.

Ces enfants dealers seront probablement les futurs barons de la drogue. Si rien n’est fait aujourd’hui pour y mettre un terme, Kinshasa deviendra un point chaud du trafic de drogue dans les prochaines années.