Je suis Délice Wamusonia encadreur des enfants reporters de Bunia. Je vais vous parler de Ngabu Baraka âgé de 17 ans. C’est sa mère Bety qui me raconte l’histoire de son garçon. J’ai rencontré cette maman à la prison centrale de Bunia. Elle s’inquiétait de la situation de son fils qui y était incarcéré.
En fait, selon la mère de l’enfant, Ngabu a commencé à changer de comportement à la fin de sa cinquième année secondaire au complexe scolaire Maendeleo. « Son mode de vie avait changé et il avait des mauvais amis. Il commençait à rentrer à la maison tard la nuit. Son comportement n’était plus normal. J’avais constaté qu’il se comportait déjà comme un fou. L’un de ses amis m’avait confié que Baraka a été initié à la magie pour qu’il soit un grand footballeur », m’a raconté sa mère. Elle n’avait pas pu vérifier ces informations.
Mais avec le temps, elle a remarqué que son fils devenait complètement fou.
« J’étais vraiment inquiète de la situation de mon fils. Je n’avais pas d’argent pour l’amener à l’hôpital pour les soins appropriés. Son père est mort pendant la guerre inter ethnique de 2022. J’ai emmené Baraka dans la permanence d’une paroisse catholique pour des prières de délivrance », explique la mère de l’enfant.
Enfant malade mental est incarcéré, confondu à un milicien
Un mois plus tard, l’enfant s’enfuit de la permanence pour une destination inconnue. Alors qu’il était sous l’encadrement des superviseurs et sa mère lui apportait de quoi manger pendant les séances de délivrances. Visiblement, la délivrance n’a pas marché avec les prières.
Six mois plus tard, des voisins du quartier qui partaient voir leur frère à la prison centrale ont croisé l’enfant.
Ils en ont parlé à sa mère qui n’avait plus des nouvelles de son garçon. Les voisins lui ont dit que l’enfant se comportait comme un fou en prison. « J’ai compris que la situation de mon fils n’a pas évolué. Je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas s’il va sortir un jour de la prison », s’est plaint Bety, la mère de Ngaba Baraka.
J’ai voulu en savoir plus sur le dossier de cet enfant que j’ai rencontré en prison. Il était sale et pas en bonne santé. Les agents de la prison m’ont dit d’aller voir ce qu’il en est à l’auditorat militaire. J’étais déjà intrigué de savoir que le dossier d’un enfant de 17 ans, qui a des problèmes de santé mentale se trouve à l’auditorat.
A l’auditorat militaire de Bunia, le dossier de l’enfant indiquait qu’il était poursuivi pour participation à un mouvement insurrectionnel. En gros, l’enfant fou de 17 ans est accusé d’être membre de la milice CODECO.
Libération après expertise médicale
A Bunia, avec la proclamation de l’Etat de siège, j’ai découvert que Ngabu a été arrêté par une patrouille de nuit alors qu’il rentrait chez lui à la maison.
Lorsqu’on discute avec l’enfant, ses propos étaient incohérents et il présente, jusqu’à présent, des signes de démence.
Après examen médical sur l’état de santé mentale de l’enfant, un expert a confirmé que Ngabu souffrirait de démence et qu’il n’est pas en bonne santé dans sa tête.
A la suite du rapport médical fait à l’auditeur militaire, il a ordonné la libération de l’enfant.
En fait, il y a beaucoup d’autres enfants en prison alors qu’ils sont simplement malades mentalement. D’autres sont encore détenus suite à une erreur d’appréciation de leur santé mentale.
Et les conditions de détention des enfants à la prison de Bunia est juste inadmissible.
Selon la loi congolaise, un enfant qui serait en conflit avec la loi doit être mis sous la responsabilité de son juge naturel, le juge pour enfants. Il ne devrait pas être incarcéré dans une prison, surtout pas avec des adultes au vu de sa fragilité. Je voudrais que les autorités de Bunia puissent veiller à préserver l’intérêt supérieur de l’enfant, comme le veut la loi.
Encadreur: Délice Wamusonia