Jeudi 21 octobre en suivant la télé le soir, j’ai appris qu’un groupe d’enfants a manifesté pour réclamer le droit à l’éducation. Les enfants se sont rendus au siège du parlement national à Kinshasa et au ministère du Genre, famille et enfant pour se faire entendre. Il s’agissait pour eux d’interpeller les députés et différentes autorités sur la grève des enseignants qui ne permet pas aux élèves d’étudier normalement.
Depuis la rentrée scolaire 2021, il y a un peu plus de 2 semaines, les cours n’ont toujours pas repris dans plusieurs écoles, particulièrement dans les écoles conventionnées catholiques. Pour cause, la grève des enseignants. Ils réclament l’amélioration de leurs salaires et des conditions de travail.
Ainsi depuis la rentrée, il y a quasiment un bras de fer entre les syndicats enseignants et le gouvernement. Malheureusement dans cette bataille, ce sont les élèves qui paient le prix fort. Ils passent des journées en classe sans qu’un seul enseignant ne daigne venir enseigner. Alors que les élèves des écoles privées ont commencé les cours depuis quelques mois. Mais, ceux des écoles publiques ont encore leurs cahiers vides.
Personnellement, je comprends la frustration des enfants
Je suis mal à l’aise avec le moyen utilisé pour défendre ce droit à l’éducation. Un droit légitime en fait. Il est vrai que la convention relative aux droits de l’enfant reconnaît à chaque enfant le droit à la liberté d’expression quelle que soit la forme choisie par l’enfant dans le respect des prescrits de la loi. Ma crainte est que la forme choisie puisse occulter la question centrale qui se rapporte au droit à l’éducation. Cela risque de donner lieu à des débats politiciens.
Risque de récupération politique
Dans un contexte politique relativement tendu comme cela est le cas actuellement, plusieurs personnes interprètent cette manifestation des enfants comme une démarche des opposants pour nuire au pouvoir en place. D’autant plus que, ce sont principalement les écoles conventionnées catholiques qui font grève.
Dans un groupe whatsapp, je suis tombé sur un texte : « tentative de plonger la RDC dans la situation du mali sous Moussa Traoré ». Ce texte sous-entend que les élèves qui ont manifesté seraient instrumentalisés par des politiciens et qu’une main noire se cache derrière la démarche des enfants.
C’est exactement cette interprétation et cette récupération politique qui m’inquiète. Au lieu que tout le monde puisse réfléchir sur le fond des revendications des élèves et travailler à y apporter des solutions concrètes et immédiates, on se réduit à des discussions stériles sur une prétendue main noire. Dommage!
Tôlé sur les réseaux sociaux
Cette manifestation a été suivie en temps réel sur les reseaux sociaux.
#RDC_EPST: « Félix, soki classe te, to meli bombé »
« Félix, si nous n’étudions pas, nous allons recourir à la drogue » pic.twitter.com/vmKgpqryV8
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) October 21, 2021
La question centrale est celle de l’éducation des enfants
Lors de ma formation en tant qu’enfant initié à la participation, on m’a appris que le canal utilisé pour transmettre un message est aussi important que le contenu du message. Le choix du mauvais canal peut rendre le message inaudible. Mais, je reconnais aussi que la manifestation des enfants a le mérite d’avoir attiré l’attention d’un plus grand nombre sur la grève des enseignants et sur l’éducation des enfants.
Je voudrais par cet article essayer de remettre sur la table la question centrale, celle de l’éducation des enfants. Il est inadmissible que deux semaines après la rentrée scolaire, des milliers d’élèves n’étudient pas à cause de la grève des enseignants.
La RDC s’est engagée à garantir à chaque enfant le droit à une éducation de qualité en ratifiant la convention relative aux droits de l’enfant. Il est donc indispensable que le gouvernement respecte ses engagements envers les enfants.
Je voudrais également demander aux enfants de privilégier d’autres formes d’expression. Il y a notamment les plaidoyers pour défendre leur droit. Ne nous laissons pas manipuler ou instrumentaliser par un groupe de personnes qui auraient d’autres intérêts cachés. Alors que pour les enfants, l’objectif principal est l’accès à l’éducation.
J’admire malgré tout le courage et la volonté des enfants de défendre leurs droits. L’éducation est notre bien le plus précieux, défendons là.
Encadreur : Carmel Ndomba