Je m’appelle Francine, enfant reporter de Kipushi. J’ai 17 ans. Je suis tombée enceinte d’un garçon. J’ai compris par la suite qu’il m’avait trompé. 

 

Je raconte comment j’ai vécu cette situation pour éviter que d’autres jeunes ne tombent dans le même piège que moi. En fait, pendant ma période de grossesse, j’ai traversé des moments difficiles. Un vrai calvaire. 

 

Je crois que je ne suis pas la seule fille à être trompée. J’ai décidé de partager ma très mauvaise expérience. C’est vraiment pour prévenir les jeunes filles de mon âge et celles qui vont lire mon histoire. 

 

De l’écolière à une mère : un souvenir que je n’oublierai jamais

 

Pendant l’année scolaire 2020-2021, j’ai rencontré Serge, un garçon de 18 ans. Il vivait encore chez ses parents. J’étais en 3ème humanités pédagogiques. Serge semblait être un garçon gentil, responsable, aimable à mes yeux. Il m’a fait des avances. J’ai fini par l’aimer. Alors, je l’aimais aveuglément et je lui ai donné mon corps.

Finalement, je tombe enceinte de lui. Et c’est là que mon calvaire commence. J’ai dû abandonner mes études pour échapper aux moqueries de mes amies. J’ai été obligée de quitter ma famille pour aller vivre dans la famille de Serge. Cela reste un très mauvais souvenir de toute ma vie. Je me suis séparée de mes parents, mes frères et sœurs. Et cela, jusqu’à l’accouchement.

Je souffrais tellement. J’ai souhaité ne pas naître au lieu de subir une telle douleur. 

 

J’ai supporté le poids des injures dans ma communauté

 

De mes parents, ma belle-famille, mes amies, voire même Serge, je ne recevais que des insultes, humiliations, calomnies, etc. 

Mes parents avaient honte et je me suis demandée si j’étais la première fille à tomber enceinte. Je me suis sentie seule, isolée dans mon coin, sans aucun soutien. 

Il m’était difficile de faire un mouvement, même de me promener. Partout où je passais, on se moquait de moi, soit on m’insultait et on me traitait de fille légère. Papa et maman ne me parlaient plus parce que, selon eux, je les ai déçus. Je comprends leur douleur. 

Dans la famille de Serge où j’ai momentanément vécu, j’étais une charge inutile. Selon eux, Serge était déjà une charge à supporter. En plus de cela, je me suis ajouté. Une charge en plus. 

Cela n’a pas été facile de vivre dans la solitude. Heureusement, j’ai fini par accoucher. Je suis mère d’un petit garçon que je vais désormais élever en tant que mère. C’est une expérience qui ne sera pas facile, mais, mentalement, je me prépare à supporter et aussi de voir comment reprendre mes études. 

 

Que dit la loi? 

La loi N° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, en son article 48 interdit les fiançailles et mariage d’enfants. Je suis suffisamment informée de cette disposition en tant qu’enfant reporter. J’ai même une copie de cette loi. Pourtant je me suis retrouvée dans une vie de couple à 16 ans. 

Je demande à toutes les filles qui me lisent de ne pas se laisser tromper par les garçons. Ils sont trop rusés. Ne faites pas quelque chose que vous allez regretter plus tard. Chaque chose a son temps. Il n’est pas si facile de vivre avec une grossesse à 16 ans. J’en ai tiré une leçon. Je voudrais que d’autres enfants ne puissent pas tomber dans ce piège. Et même les garçons, ne prenaient pas des risques et responsabilités que vous ne pouvez pas assumer, en tant qu’enfant. La vie de couple est vraiment réservée aux adultes et implique beaucoup de responsabilité. 

 

Encadreur : Christian Katondo