Tychique Katabe a 15 ans. Elle est enfant reporter à Kipushi, dans la province du Haut-Katanga.

Je suis Tychique Katabe, enfant reporter de la ville de Kipushi, dans le Haut-Katanga. Dans ma ville, j’ai assisté à plusieurs bagarres entre jeunes. Certaines de ces bagarres ont impliqué des adultes. Chaque jour, cette situation prend de l’ampleur dans ma cité.

Face à ce phénomène grandissant, je me pose beaucoup de questions. Pourquoi les jeunes choisissent-ils la bagarre pour résoudre leurs problèmes? Peuvent-ils trouver d’autres moyens pour résoudre leurs problèmes?
Nature des conflits entre les jeunes à Kipushi.

Après avoir assisté à plusieurs bagarres, j’ai distingué plusieurs types de conflits entre les jeunes. Parmi lesquels :
En premier, les bagarres entre jeunes tournent autour des petites copines et des petits copains.
Doris, 15 ans, a été agressé par son ami en ma présence. Je l’ai suivi pour connaître les raisons de cette agression.

Doris (15 ans) et Gloire (16 ans) se sont bagarrés autour d’une copine qu’ils se disputaient. Déborah, une fille de leur quartier âgée de 14 ans. « C’est moi qui étais le premier copain. Gloire nous a trouvé en pleine relation amoureuse. Il a voulu la détourner et je n’ai pas toléré son acte. Je l’ai suivi pour le prévenir. Il m’a agressé et ça s’est vite transformé en bagarre», dit Doris, visiblement remonté.

Est-il permis aux enfants d’entretenir une relation amoureuse ?

L’article 48 de la loi portant protection de l’enfant stipule que : «les fiançailles et le mariage d’enfants sont interdits». Mais, je suis surpris de voir des enfants arriver à se battre à cause des histoires d’amour qui ne sont pas forcément de leur âge. D’autres conflits entre jeunes sont suscités parfois par la pratique de jeux collectifs, comme les jeux de cartes qui tournent mal. D’autres conflits surgissent autour des questions d’argent ou des insultes entre jeunes. Certains se battent après avoir consommé des liqueurs fortes et de la drogue.

L’article 59 de la même loi précise qu’«il est interdit d’utiliser l’enfant dans les différentes formes de criminalité y compris l’espionnage, le fait de lui inculquer le fanatisme et la haine, de l’initier et l’inciter à commettre des actes de violence et de terreur». Pourtant, cela se passe dans les gangs qui se forment dans certains quartiers à Kipushi.

En fait, j’ai voulu savoir où est-ce que ces jeunes ont appris la violence. L’enfant est un imitateur, pour la plupart des situations. Il reproduit souvent ce qu’il voit chez les adultes. Je pense que certains enfants ont appris la violence auprès de leurs parents et des personnes adultes tout autour d’eux.