Laetitia Bukebo est une Enfant Reporter de la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu.

En ces 16 Jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, j’ai échangé avec des jeunes filles pleines de vie et dévouées, qui ont fui la guerre et qui se trouvent présentement dans le site de personnes déplacées de Bulengo. La plupart d’entre elles ont survécu à des violences sexuelles.

 

Des menaces quotidiennes

Malgré l’aide des organisations humanitaires, les jeunes filles de Bulengo sont contraintes d’aller dans une forêt éloignée pour couper du bois et le vendre à un prix très bas, environ 3.000 francs congolais. Elles doivent payer 1.000 francs congolais pour obtenir le droit de couper du bois, mais cela ne garantit pas leur sécurité dans une forêt infestée de rebelles prêts à les agresser sexuellement.

« Nous devons marcher pendant 6 heures aller-retour pour atteindre la forêt, puis essayer de couper autant de bois que possible pour le vendre entre 2.000 et 3.000 francs congolais », raconte l’une des filles. En revenant de la forêt, les filles craignent d’être violées ou tuées, car c’est sur le chemin du retour que d’autres filles du camp ont été agressées.

« Le retour est le plus redouté, car nous croisons souvent des hommes armés. Parfois, ils demandent simplement de l’argent, mais nous sommes souvent exposées aux risques de violence. Pendant l’agression, si tu te soumets, ils te laissent partir, mais si tu te débats, ils peuvent te mutiler avec une machette, et tu risques d’être tuée », ajoute une adolescente.

 

La peur du jugement et des représailles

Les jeunes filles préfèrent se taire et ne pas dénoncer de peur d’être jugées. « Même si nous dénonçons, l’agresseur ne sera pas forcément condamné, mais c’est notre réputation qui sera entachée », explique l’un d’entre elles. Les jeunes filles craignent non seulement d’être agressées sexuellement, mais aussi le regard des autres si cela leur arrivait.

C’est vraiment difficile pour ces jeunes filles qui n’ont pas d’opportunités d’emploi. Certaines d’entre elles en arrivent à échanger leur corps non pas par choix, mais simplement pour subvenir à leurs besoins. Ce qui est encore plus dur, c’est qu’elles ne sont parfois même pas payées, et le lendemain, lorsqu’elles vont réclamer leur argent, elles sont parfois refusées de paiement. Si elles tentent de riposter, elles sont frappées.

C’est une situation vraiment difficile pour ces jeunes filles. Heureusement que l’ONG Heal Africa, avec l’appui financier de l’UNICEF, a mis en place un Espace Sûr pour toutes ces jeunes filles qui aimeraient parler de leurs craintes ou autres ressentis en rapport avec ce qu’elles ont vécu.

 

Pas d’excuse à la violence basée sur le genre

Il est vraiment alarmant d’apprendre que les filles du camp de Bulengo étaient victimes de viol même dans leurs tentes en raison du manque de portes sécurisées. L’UNICEF et Heal Africa ont fourni des portes en planches, des cadenas, des torches et des sifflets à environ 100 filles. Cette solution a permis de leur apporter un peu de tranquillité et de sécurité pendant la nuit.

Ces situations partagées représentent vraiment les défis auxquels de nombreuses jeunes filles sont confrontées au quotidien. Il est important de sensibiliser et de dénoncer ces injustices pour mettre fin à ces actes et assurer un avenir meilleur et plus sûr à ces jeunes filles. Nous pouvons tous contribuer à mettre fin à ces situations en les dénonçant et en travaillant ensemble pour créer un monde où les filles sont protégées et respectées.