Je suis Davina Mabela, enfant reporter de Kipushi. J’ai 17 ans. En fait, j’ai appris la mort d’un enfant prématuré de 7 mois dans une couveuse 45 minutes après une coupure d’électricité.

 

L’évènement s’est passé au centre de santé Saint-Charles Lwanga de Kipushi. C’est l’un des centres de santé de l’Église catholique implantés derrière le marché Kermesse de Kipushi dans le quartier Lumumba. Alors, une dame est venue y accoucher. Son enfant est né prématuré. Le bébé est mis dans une couveuse, comme cela se fait les enfants prématurés.

 

Le recouvrement forcé par la SNEL est à la base de ce drame  

 

La Société Nationale d’Électricité (Snel) procède au recouvrement des factures impayées ou en retard de paiements à la fin de chaque mois. En fait, pendant ces recouvrements, le client insolvable est privé du courant électrique. Tel a été le cas avec le centre Saint-Charles le 26 novembre 2021.

Mais l’agent assigné à ce recouvrement a été avisé. « L’hôpital avait des cas graves et des enfants qui avaient besoin d’électricité. Et que, si on coupait le courant, un drame pourrait avoir lieu. Cinq enfants prématurés étaient dans une couveuse. L’agent n’a pas tenu compte de tout ce qui lui a été dit», m’a confié la sœur Nelly, responsable du centre de santé.

Alors, je me demande, qu’est-ce qui comptait vraiment pour cet agent de la SNEL ? La vie des enfants qui étaient dans les couveuses ou simplement l’argent des factures impayées ? Visiblement pour cet agent, c’est l’argent seulement de la facture qui comptait. Il a coupé la ligne. Et 45 minutes après la coupure du courant, l’un des cinq bébés prématurés est mort.

 

Un enfant a perdu la vie et une famille vient de perdre un enfant 

 

Le père dépose le corps de l’enfant à la Snel

 

La réaction du père du bébé prématuré et mort dans la couveuse a été rapide. Il a si vite identifié l’auteur de la mort de son enfant. Pour lui, le responsable de la mort de son enfant est l’agent de la SNEL. Dans sa colère, le père a pris le corps du bébé et est allé le déposer à la SNEL et a exigé réparation.

Celui qui avait coupé le courant va-t-il faire revenir cet enfant à la vie ? « Personne ne sait ce que cet enfant serait devenu une fois adulte », a regretté le père de l’enfant. Il a fallu l’intervention de la police pour que le corps du bébé soit amené à la morgue. Entre-temps, l’affaire est entre les mains du parquet de grande instance de Kipushi.

 

Qu’en est-il du droit à la vie ?

 

L’article 6 de la convention internationale des droits de l’enfant, alinéas 1 et 2 stipulent : « Les États partis reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie. Ils assurent dans toute la mesure du possible la survie et le développement de l’enfant».

Et la loi portant protection de l’enfant en son article 13, stipule que : « tout enfant a droit à la vie. Le père et la mère ou l’un d’eux ou la personne exerçant l’autorité parentale, ainsi que l’État, ont l’obligation d’assurer sa survie, son éducation, sa protection et son épanouissement ».

 

L’agent a sacrifié la vie des enfants prématurés

 

L’agent de la SNEL savait qu’en agissant ainsi, il sacrifiait la vie de ces enfants prématurés. Il leur privait ainsi de la chaleur dont ils avaient besoin pour leur survie. Pourtant, il était bien conscient que par cet acte, il mettait en danger leur vie.

Je demande aux autorités judiciaires de Kipushi d’appliquer la loi dans toute sa rigueur pour établir la paix sociale. Si l’agent n’était pas informé, je pouvais le comprendre. Mais là, je ne comprends pas pourquoi il a provoqué la mort d’un enfant prématuré. Je n’imagine même pas comment les parents peuvent être consolés après la mort de leur enfant.

 

Encadreur : Christian Katondo