La ville de Bukavu a été attaquée par des inconnus, la nuit du mardi au mercredi 03 novembre laissant ainsi une de mes amies, orpheline. Son père était policier. Il a été tué par balles.
Je m’appelle Ansima Murerhwa, enfant reporter de Bukavu, dans la province du sud Kivu. J’ai 15 ans.
Son père était policier depuis des années. Il était de garde cette nuit-là lorsque des coups de feu ont été entendus pendant toute une nuit dans la ville de Bukavu. Pour moi, c’était une première fois. Je n’avais pas encore vécu une situation pareille dans ma petite vie.
Une nuit affreuse pour ma famille et moi. Je n’ai pas eu le courage de prendre des nouvelles de mes amis. J’avais avant tout peur pour ma vie. Quelques heures après l’attaque, je tremblais encore de peur. Je n’avais même pas le courage d’allumer mon téléphone.
Plusieurs médias ont rapporté que des inconnus ont hissé un drapeau où on lisait « Action pour un Congo nouveau ». Bilan de l’incursion : six morts parmi les assaillants et trois parmi les forces de sécurité.
Le père de mon amie est mort
Le lendemain, j’ai ouvert mon téléphone à 13 heures. J’avais reçu plusieurs messages de mes amis et de certains collègues de ma classe. Certains voulaient avoir de mes nouvelles et d’autres chercher à partager les messages sur la situation sécuritaire.
En parcourant d’autres messages, je suis tombé sur un message très choquant et très difficile à digérer. Une amie m’annonçait qu’Esther vient de perdre son père dans les échanges des tirs. Le père d’Esther était policier.
Nous sommes assez proches quand même : et géographiquement, et en amitié. J’ai vite demandé à mon grand frère d’aller vérifier cette information qui m’a rendue perplexe. Malheureusement, mon grand frère a confirmé l’information.
Désormais plus de papa pour Esther mon amie, que c’est triste
Mon amie devient orpheline de père à l’âge de 15 ans. C’est vraiment dur pour moi de comprendre, de se mettre aussi à sa place. Elle s’appelle Esther.
Esther est une amie depuis l’école maternelle. Son père a été fusillé par les assaillants vers 2 heures du matin et il est mort sur place.
» Il aurait refusé de se laisser désarmer par les bandits », raconte les faits. Et ces derniers ont immédiatement tiré sur lui sans tenir compte de son statut de père de famille. La nuit des attaques, le père d’Esther était policier et était de garde. Il avait promis à ses enfants de revenir tôt le matin pour les accompagner à l’école.
Une promesse qu’il n’a pas pu tenir parce qu’il est revenu sans vie chez lui à la maison. Selon la convention relative aux droits de l’enfant à son article 9 ; « tout enfant a le plein droit de vivre avec ses parents sauf dans l’incompatibilité avec son intérêt supérieur ».
Le gouvernement provincial peut-il venir en aide aux familles des policiers ?
Que va devenir mon amie ? Sa scolarité, son bien être… Sa maman n’a pas assez de moyens pour soutenir tous ses enfants, ils sont au nombre de cinq et ils vont tous à l’école.
C’est leur défunt père qui prenait soin de la famille. Maintenant cette famille est obligée de refaire sa vie sans la présence de leur père, à cause de l’insécurité dans la ville.
Face à cette situation, je recommande au gouvernement d’intervenir et venir en aide aux familles des policiers et militaires morts durant la dernière attaque de Bukavu.
Mais aussi, je demande au gouvernement de renforcer la sécurité partout dans la province pour combattre l’insécurité qui risque de faire encore d’autres victimes et allonger la liste des orphelins.