Christian Mirindi, jeune reporter de Bukavu, Sud-Kivu.

Ce mercredi 3 novembre, dans la ville de Bukavu, des crépitements de balles sont encore entendus. La ville se réveille dans la peur et l’incertitude. Je m’appelle Christian Mirindi et je suis jeune reporter dans la ville de Bukavu. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, car la situation n’a pas changé.

 

C’est tard dans la soirée du mardi au mercredi 3 novembre, au moment où je m’apprêtais d’aller au lit que j’ai entendu les premiers bruits de balles. J’ai cru que c’était juste des voleurs armés qui venaient de braquer une maison ou commettaient un autre forfait.

Pourtant les bruits des balles ont continué. Persisté même. J’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’un braquage. Je sors du lit, je vais au salon et j’allume la radio. Je cherche à savoir ce qui se passe.

 

Comment savoir ce qui se passe à Bukavu ?

 

À la radio ? Aucune information sur la situation qui prévaut à Bukavu.  Je check mon téléphone pour voir quelles informations circulent sur la situation dans ma ville. Les internautes se posent aussi des questions sans avoir de réponses sur ce qui se passe réellement. Cela fait déjà plus de 3 heures que les balles sifflent dans la ville. Personne pour rassurer. Pour donner la bonne information. Silence ! 

Sur les réseaux sociaux, les gens spéculent. Évidemment, c’est la guerre des rumeurs : certains disent que « des rebelles ont pris le contrôle de la ville de Bukavu », « il parait que des rebelles auraient pris le contrôle des camps militaires et des policiers de la ville », qu’ils seraient en train de venir libérer la ville de Bukavu. Informations difficilement vérifiables.

Jusqu’à ce matin, autour de 5 heures du matin, les crépitements de balles ont continué. Mais comment en être surs tant que les autorités ne rassurent pas la population ? N’informent pas. Ne communique pas.

Photo prise à Bukavu par un jeune reporter @poanabana, novembre 2021

Photo prise à Bukavu par un jeune reporter @poanabana, novembre 2021

Déjà on parlait d’insécurité dans la journée de mardi

 

Pourtant dans la matinée de mardi 2 novembre, quand j’étais à la faculté, des rumeurs sur l’insécurité circulaient déjà. On appelait la population à la prudence. Ces informations informelles m’avaient déjà fait peur. 

Les coups de balles sont toujours entendus. Mes amis qui habitent la commune d’Ibanda, me disent qu’ils sont déjà sous la couette pour se mettre à l’abri. Ibanda est la commune mère de la ville de Bukavu. Moi, j’habite la commune de Kadutu.

C’est vrai que la dernière fois que j’ai eu tant peur, c’était en 2018 quand l’armée essayée de capturer un ancien rebelle dénommé Abasi kayonga.

 

 

Le gouverneur a fait un tweet ce mercredi matin 

 

 

 

 

Que les forces de sécurité puissent maîtriser la situation avant que ça ne déborde

 

C’est la panique dans la ville. Depuis la semaine passée, plusieurs personnes ont été victimes de cas d’insécurité. Le mercredi passé, la brigade universitaire de l’université de Bukavu a appréhendé une dizaine d’hommes armés dans la cour universitaire. Ils disaient aussi qu’ils venaient libérer la ville. Pour l’instant, j’ai vraiment peur.

Je prie Dieu pour que les forces de sécurité puissent maîtriser la situation avant que ça ne déborde. Bukavu c’est la ville qui m’a vu naître et j’aimerais qu’elle puisse rester en paix comme toujours. C’est pourquoi je recommande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour maîtriser la situation et protéger la population. 

Mais aussi, je demande au gouvernement de renforcer la sécurité dans toute la province. Je demande aussi à la population de rester calme à la maison et laisser l’armée congolaise faire son travail.