Abigaël, 22ans, est une ancienne Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle est aujourd'hui étudiante en droit et continue de s'impliquer pour les droits des enfants en encadrant à son tour les Enfants Reporters.

Quand je dis cette phrase pendant la formation des nouveaux enfants reporters au Lycée Motema Mpiko, à Kinshasa, je ne réalise pas à quel point elle reste dans leurs têtes. En fait, quelques jours après la formation des nouveaux enfants reporters, je dois aller dans une école sur Saïo pour une session de restitution qu’ils doivent animer.

 

En fait, ils doivent parler à d’autres élèves de leur école de ce qu’ils ont appris pendant leur formation.

Ils sont 5 et chacun choisit un sujet. L’un d’entre eux veut parler du climat. Il m’explique que pour lui, l’accent est mis sur la pollution. Il veut expliquer à ses amis que les déchets contribuent à détruire la terre.

Ils stressent et proposent une simulation. Pour la simulation, on occupe un coin de la cour de l’école. Elle n’est pas propre.

Il y a des poubelles dans cette école, mais elles ne sont pas utilisées. Du coup, c’est la cour qui est facilement encombrée avec les déchets.

 

Éveil de conscience des élèves

 

Pendant qu’on parle, l’un de leurs professeurs sort de son bureau. Il a une bouteille en plastique vide en main. Il la jette sur le sol. Le bruit de la bouteille attire notre attention.

Les élèves formés crient et désapprouvent le geste de leur professeur. Les 5 enfants, expliquent à l’enseignant qu’il faut veiller à ne pas jeter les déchets n’importe où pour préserver l’environnement. Un autre élève indique même à l’enseignant les poubelles.

 

Le jeune professeur est gêné, mais ne ramasse pas la bouteille. Il dit aux élèves avoir compris la leçon. Jérusalem qui va parler du climat à ses amis, se lève et ramasse la bouteille et la jette dans la poubelle.

 

Difficile de changer les habitudes à l’école

Jérusalem me raconte qu’après la formation, il a essayé de sensibiliser ses amis à la préservation de la nature. Et les méfaits de la pollution. Il a même commencé à veiller à la propreté de la cour. Tout seul.

Malheureusement, ça lui prenait trop de temps. Et il avait du mal à bien suivre les cours et veiller à la propreté de la cour de l’école.

En fait, dans cette école, les élèves sont habitués à jeter la saleté par terre. Donc, pour garder la cour propre, il faut sortir toutes les 30 minutes au minimum pour être sûr de surprendre un élève qui jette les déchets par terre. Ce n’est pas évident quand on veut suivre les cours en même temps.

Jérusalem a arrêté de veiller à la propreté de la cour. Mais il garde dans sa tête ces notions qu’il partage de temps en temps avec ses amis. Il espère que la conscience de ses collègues viendra pour qu’ensemble, ils puissent veiller à la propreté de leur école. Un petit geste. Jeter les déchets dans les poubelles serait déjà une victoire pour lui. D’autres de ses enfants parlent des autres droits de l’enfant.

Je suis ravie de voir que ces enfants ont vraiment pris leur rôle au sérieux. Ils veillent au respect de leurs droits et essaient d’en parler le plus possible autour d’eux. À l’école, ils sont pris plus au sérieux. Ce sont les nouveaux ambassadeurs des droits de l’enfant.

Pendant la restitution, je vois des enfants qui prennent au sérieux leur formation. Pour eux, faire changer les choses devient un devoir.

Et je leur souhaite d’y arriver.