Jérémie Karagi est un enfant reporter de la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.

Je suis Jérémie Karagi, enfant reporter dans la ville de Bukavu. Je vais vous parler d’Alain Djuma. C’est un garçon que j’ai rencontré au marché Muhanzi dans la commune de Kadutu. Je l’ai trouvé brave. Alain Djuma a 16 ans. Depuis bientôt 9 mois, il est orphelin de père. Cet enfant est le cadet de sa famille, mais chaque jour, il sillonne trois marchés de Bukavu pour vendre des sacs en plastique. Son unique but est de nourrir sa famille. 

Le jour de notre rencontre, Alain avait déjà acheté des fretins de 800Fc qu’il devait ramener à la maison. « J’ai aussi acheté les oignons de 200 FC. Au total, j’ai dépensé 1000 FC. J’attends de vendre encore d’autres sacs dans la soirée pour trouver 1500 FC et acheter de la farine pour la maison», explique Alain.

La mort de son père dans un carré minier de Kamituga a plongé la famille dans la précarité. Le père d’Alain est mort suite à l’effondrement d’un puits alors cherchait de l’or. La dépouille n’a pas été retrouvée et ce sont ses collègues creuseurs qui ont apporté la nouvelle en famille. 

Dans la journée, Alain Djuma écoule sa marchandise pour ramener à manger le soir à la maison. Il s’est lancé dans ce commerce quand il a vu les difficultés auxquelles sa famille était confrontée. Son frère aîné est allé à Kalemie pour trouver comment aider sa famille. 

La mère malade d’Alain est souvent malade

«Ma mère est fragile et souvent malade. Après la mort de mon père, nous avons commencé à passer des journées sans manger. Parfois, les voisins nous aidaient avec le peu qu’ils pouvaient avoir. Mais cela n’a pas duré longtemps. La situation est devenue compliquée. J’étais le seul homme à la maison et je n’en pouvais plus. J’ai donc décidé de chercher de l’argent par la vente de sacs en plastique », me raconte Alain Djuma.

Un enfant vendeur de sacs en plastique

                       Un enfant vendeur de sacs en plastique pour nourrir sa famille (@ponabana)

Mais avant de se lancer dans la vente des sacs en plastique, le jeune garçon a décidédé un jour de vendre de l’eau. Il a pris un bidon de 5 litres pour vendre « mai muhogo ». C’est de l’eau à boire que les commerçantes prennent souvent contre de la marchandise. Grâce à cette eau, le premier jour il reçoit de la farine qu’il ramène pour nourrir la famille. Le deuxième jour, il vend encore de l’eau. Et le troisième jour, une dame qu’il rencontre au marché Muhanzi lui demande de l’aider à porter un sac de farine. Après ce service, la dame lui paie 2000Fc. C’était le départ de son activité.

Alain est le cadet de sa famille. Depuis le départ de son grand-frère pour Kalémie, il n’en a plus reçu des nouvelles. Néanmoins, d‘autres membres de la famille le soutiennent quand ils le peuvent. Sa mère cultive les champs et fait du ménages dans des familles quand elle n’est pas malade. Et c’est comme cela qu’elle peut contribuer pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais c’est Alain qui prend, la plupart du temps, soin de sa famille grâce à son business.