Benedictus Lukusha est enfant reporter de Bunia. Il est âgé de 17 ans.

Je suis Benedictus Lukusha, aujourd’hui j’ai 17 ans mais je suis engagée pour et dans ma communauté depuis mes 15 ans. Je suis une fille de l’Ituri, une province plus connue pour l’insécurité que le courage de ses habitants. Je suis la présidente du parlement d’enfants de ma région. Je vais vous raconter ce qui me motive à m’engager  sur les questions des droits de l’enfant. Vous imaginez bien que cela n’a pas été facile: mais mon rêve d’être impliquée davantage a primé. 

 

 

Vous connaissez un peu l’Ituri ? C’est une région de l’est de la RDC avec 65 658 km². Sur une population totale de 5,7 millions de personnes, on estime selon l’UNICEF que 1,6 million de personnes sont déplacées et que 2,8 millions de personnes ont besoin d’une forme d’aide d’urgence. 

La situation des enfants est difficile. Nous avons besoin de faire entendre notre voix. C’est dans ce contexte que depuis trois ans, j’ai intégré le parlement d’enfants de l’Ituri. Une structure de défense des droits de l’enfant qui donne la parole aux enfants. 

 

Le début de mon engagement

 

À l’époque, j’étais une fille renfermée dans son monde: timide, incapable d’exprimer ses pensées et convictions. Deux semaines après avoir intégré le parlement d’enfant, j’ai été nommée président de planification et chargée de plaidoyer. Cela malgré mes hésitations de débutante. À cet instant-là, j’étais submergée par la peur et ne comprenais pas pourquoi j’avais été choisie, tellement confuse qu’on a fini par me répondre « dis-toi que le jury est sage ». 

Je ne savais ni quoi faire ni comment le faire. Je doutais tellement de moi, fort heureusement que je n’étais pas seule pour surmonter tous ces obstacles. 

 

C’était quoi mes missions à la planification ? 

 

J’étais chargée de coordonner les activités du comité de planning et d’élaborer un plan d’action annuel des activités du parlement d’enfant. Et compte tenu du contexte sécuritaire non favorable aux droits de l’enfant, toutes nos activités étaient orientées vers des plaidoyers aux autorités. Est-ce que ces plaidoyers ont tous abouti ? NON! 

 

Un an plus tard, je suis devenue coordonnatrice du département de la Communication section média. Puis, quelques mois plus tard, je suis parvenue à occuper le poste de vice porte-parole sous le mentorat d’autres aînés dans la structure. 

En 2020, j’ai été nommée présidente du parlement d’enfants de l’Ituri en intérim, avant d’être élue définitivement à ce poste.

Et depuis j’ai acquis de nouvelles connaissances. Je ne serai jamais arrivée là où je suis aujourd’hui sans l’aide de ceux qui ont cru en moi et qui m’ont aidée à surmonter mes peurs. Car la peur en soi est une bombe atomique en nous qui peut nous détruire à tout moment.

 

Être présidente du parlement d’enfants, une belle aventure 

 

Benedictus Lukusha, 16 ans, presidente du parlement d'enfants en Ituri

Benedictus Lukusha, 16 ans, presidente du parlement d’enfants en Ituri

C’est une responsabilité pour la communauté. Et cela m’a ouvert plusieurs horizons et m’a donné beaucoup d’expériences. J’ai appris des notions sur la gestion, j’ai appris le vrai sens de l’union dans une équipe, j’en ai beaucoup appris sur le leadership. Ça m’a aidé à gagner non seulement le respect de mes autorités scolaires, mais aussi leurs confiances. Et cela de même avec ceux de ma famille et mon entourage.

 

En tant que présidente du parlement d’enfant, nous avons eu à plaider sur la situation des enfants qui se donnaient au vol pour participer aux jeux communément appelés « pari foot », un jeu d’hasard. Nous avons demandé aux autorités urbaines et à la police d’interdire l’accès aux enfants à ce jeu, qui influence négativement les enfants sur leur éducation aussi. 

Nous avons lancé des messages de paix à la presse suite à la tuerie continue des enfants par des groupes armés dans la province. De nombreux plaidoyers auprès des autorités provinciales et nationales ont été également faits pour le respect des droits de l’enfant pendant la période des conflits armés en Ituri.

Présidente des enfants qui donne sens à ma vie, car il s’agit de la participation 

 

En étant présidente et agir pour le bien des enfants, j’ai afin senti que ma vie à un sens et que je dois aider mon prochain.

Je suis déjà une activiste des droits de l’enfant. Mais je sais que je suis déjà sur un bon chemin pour devenir une très grande activiste des droits humains dans mon pays. Pourquoi pas pour toute l’Afrique, et du monde ?

Jeune fille, lève-toi. Crois à toi. Même si nos communautés veulent nous priver du droit à l’expression, dis-toi que c’est possible de briser le silence.

 

Encadreur David Ramazani